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24/05/2016

Diérèse 68 - en préparation : Isabelle Lévesque

Renoue

 


Tu retenais le monde.
La course gardait la hâte en secret. Nous découvrions ce que protégeait le jour en sa source, les strates, couleurs dissociées de l’arc tendu. Il fallait attraper le soir. Rien n’est moins sûr. Alors ta venue changeait l’ordre et nous, certains, cheminions. Encore une lune au ciel pour croiser le silence. La nuit ne peut cesser sa marche (le fil renoue sa chance). Nous cherchions les croissants d’ombre pour lutter contre le temps.

 

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                                                                      Isabelle Lévesque

Diérèse 68 - en préparation : Pierre Bergounioux

Les choses, on s'avise qu'elles mènent une existence propre, qu'elles sont, de leur côté, et nous, du nôtre, lorsque la relation primitive, symbiotique qu'on a contractée avec elles vient, pour une raison quelconque, à se briser.
L'abstraction, les appellations génériques, les grandes oppositions - l'âme et le corps, l'objet, le sujet, le réel et la pensée -, toutes sont le fait de gens aisés, instruits, libres non pas seulement des travaux de force, du labeur physique mais quittes, à quelque degré, de l'oppression inhérente à certains contextes géographiques, à certaines conditions historiques. Des citadins, surtout, de ceux, plus spécialement, qui ont de l'instruction, des vues générales, une conscience explicite d'eux-mêmes et de leur valeur, l'occasion de voyager.
A l'opposé, on trouve, par exemple, les marches accidentées, les schistes pliés, emboutis sur cent lieues carrées, le sinistre vieux de mille millions d'années à quoi tout un département peut s'apparenter. Et alors les choses n'existent pas à véritablement parler parce que cette chose, pensante, dit Descartes, qui nous qualifie en propre, n'a pu se dégager assez pour s'apparaître à elle-même et voir le monde pour ce qu'il est.

 

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                                                                    Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux a déjà confié à Diérèse, dans son numéro 62 (hiver 2013-2014), quelques pages inédites de ses Carnets, publiées ensuite chez Verdier.

Diérèse 68 - en préparation : Pascale Alejandra

L’ ŒIL ET L’ INSTANT

 

La vie hypothétique


          Une partie de moi est restée là-bas
          Je n’emprunterai plus le chemin
          Même pour goûter le raisin miraculeux


          Loin des foules
          Je trouvais
          Le silence des rues


          La nuit impose ses secrets
          Ses doutes
          Ce n’est plus ton visage
          Qui se détache si sûrement
          Le plafond fait des bruits
          Maison seule vivante
          L’éveil découvre les nuages

                               Pascale Alejandra


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