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19/04/2018

Diérèse 73 :Patrice Dimpre, avec "La cérémonie des escarres"

"Je marche à l’ombre dans la ville, ayant abandonné le ciel,
Toutes les rues permettent de le dissimuler.
Et de se dissimuler.
Ville, je t’aime.
Mais tu ne fais pas attention à moi, vilaine ville.
Ville, je te signale ma disparition.
 

. . .
 

Tout se transforme.
Les anciens montreurs d’ours sont remplacés par les nouveaux montreurs d’ours.
On me dira : ce sont toujours des ours.
Oui, et non.
On leur a supprimé le miel..."

 

Patrice Dimpre

Diérèse 73 : Jean Bensimon, avec "Ce que fut ma vie"

"Je songeais à ce que fut ma vie en marchant de long en large dans la pièce du palais où je travaille. Quand, d’une fenêtre, j’aperçus un homme à cheval qui entrait lentement dans la cour pavée. Hirsute, la barbe broussailleuse, le visage émacié, barré d’une cicatrice, couvert de boutons et de griffures, les yeux hagards, ses mains pendaient sur la bride plus qu’elles ne la tenaient. Il semblait épuisé. Et la monture ne valait guère mieux. Une certaine lourdeur caractérisait sa démarche. Des naseaux coulait une bave blanchâtre, un pansement sommaire recouvrait une plaie au flanc droit mouillé par la transpiration. Ce n’était plus un cheval mais un fantôme de cheval. Combien les six cavaliers de l’escorte semblaient en comparaison frais et alertes ! Deux d’entre eux mirent pied à terre pour aider l’homme à descendre. Ils le tenaient fermement sous les aisselles et par la taille..."


Jean Bensimon

Diérèse 73 : Muriel Carminati, avec "L'Oiseau de Sibérie"

"La nuit allait tomber. La lumière dorée semblait prête à enflammer les troncs des bouleaux, blancs et droits comme des bougies d’église. Il fallait se dépêcher. Encore deux ou trois à abattre et la norme serait à peu près respectée pour cette fois.
Le dernier arbre chancela lentement et s’effondra dans un grand soupir d’aise. Comme soulagé de n’avoir pas à endurer le prochain hiver.
On reviendrait demain pour débiter. L’homme donna quelques coups de pied dans le bois et esquissa un rictus. Pas trop friable. Tant mieux. De toute façon, on n’avait pas le choix. On devait prendre ce qu’il y avait. Il fit le tour de l’arbre fraîchement abattu comme pour se persuader qu’il était bien mort.
Il allait donner le signal du départ lorsqu’il aperçut dans le feuillage brisé comme une casquette à l’envers..."


Muriel Carminati