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05/09/2020

"La forge froide de mars", de Daniel Klébaner, éd. Fata Morgana, 6 octobre 1986, 64 pages

La lanterne sourde


Enfant d'âge scolaire, je disséquais l'oursin. Je cherchais parmi les piquants et la substance amère, un point dont je ne parvenais pas à admettre l'existence, ni le nom : la Lanterne d'Aristote.
Toujours intrigué qu'"oursin" pût contenir un nom d'un autre ordre que celui de l'animal marin, je tentais cependant le rapprochement avec le falot, le fanal maritime.
Mais je donnais surtout un autre sens à "lanterne sourde". Au lieu d'être celle dont on peut cacher la lumière à volonté, elle devenait une manière de dire cette lanterne ursine.

 

Daniel Klébaner

Oursin blog.jpg

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20/08/2020

"Cours s'il pleut", par Yves Leclair, éditions Gallimard, 24/3/2014, 142 pages, 17,50 €

Groningen à vélo


L'une lit, dans son coin, les jambes
croisées comme Bouddha. L'autre savoure
un verre de vin dont la robe s'ambre


au soleil. Une autre cache les globes
de ses seins blancs, enfile son maillot
de bain. Les gens sont rassemblés autour


du grand bassin où giclent des jets d'eau.
Le gazon semble peint en vert fluo.
Le piéton est surpris par le silence
des vélos sur la Grote Markt où l'on


déguste du hareng frais aux oignons.
On voit la friture blonde qui danse
dans l'huile, à l'arrière du camion.
La Vismarkt sent la bière et le poisson


                En partant de la Grote Beerstraat,
                et à Rutger Kopland,
                17 juillet 2004

 

Yves Leclair

22:04 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

18/08/2020

"La triste sévérité", de Jean-Claude Caër, éditions Obsidiane, 48 pages, 390ex., 55 F

Annaïg est morte dans la maison du haut.
La terre court sur son visage.
Les vipères suent sous les pierres.
Son fils Salaün Ar Foll est maintenant mort.
Il dormait toujours à Menez ar Big, près des vipères et des couleuvres
Qui se prélassaient sur les rochers brûlants.
Il se promenait dans la lande et les genêts d'or,
Jouait à cache-cache avec sa mère qui le cherchait des nuits entières.
Il effrayait les passants par un cri de guerre :
"Me lahat te ! Me lahat te ! Moi tuer toi !
Moi tuer toi !"
Tout le village l'aimait et allait lui souhaiter la Bonne Année
Quand le grand âge l'empêcha de quitter sa chambre.
Son regard étrange me suivait toujours à mon retour de l'école,
Les vêtements déchirés, après avoir joué à la bataille de Tolbiac.
J'avais peut-être sept ou huit ans quand il me réclama
Sur son lit de mort.

 

Jean-Claude Caër

11:23 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)