Diérèse et les Deux-Sicilesune revue et une maison d'édition poétiques et littéraires2021-10-06T13:59:05+02:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/dierese98http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/about.html"Origines, la nostalgie des commencements", Trinh Xuan Thuan, éditions Fayard, 22/10/2003, 392 p., 60,80 €tag:diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com,2021-10-05:63416082021-10-05T04:10:59+02:002021-10-05T04:07:00+02:00 Chronique d’une mort annoncée, celle, dans un ultime sursaut, de la fin...
<h4 style="text-align: center;"><span style="color: #008000; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Chronique d’une mort annoncée, celle, dans un ultime sursaut, de la fin du Soleil</strong></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><br /> <span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> Comme les éphémères, les étoiles meurent un jour, les chroniques s’arrêtent et les univers s’éteignent. Comme le remarque fort à propos l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan dans son livre, <strong><em><span style="color: #800080;">Origines, la nostalgie des commencements</span></em></strong> (Fayard), le Soleil ne fait pas exception à la règle voulant que toute chose ait une fin : "Son futur nous concerne au plus haut point puisque c’est lui qui entretient la vie sur terre. Notre survie dépend de la sienne. Que va-t-il arriver au Soleil?" </span><br /><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> Notre étoile se trouve à peu près au milieu de son existence et consomme tranquillement son hydrogène dans une réaction continue de fusion nucléaire. Mais viendra un jour, dans environ 4,5 milliards d’années, où le Soleil ayant épuisé le carburant contenu dans son cœur commencera à se contracter. Cela échauffera les couches supérieures d’hydrogène, lesquelles démarreront à leur tour la réaction de fusion et s’embraseront.</span><br /><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> Ainsi que le décrit Trinh Xuan Thuan, "ce regain d’énergie fera enfler considérablement les couches extérieures du Soleil, lui faisant atteindre environ cent fois sa taille actuelle (…) Le Soleil deviendra une géante rouge et engloutira Mercure et Vénus dans son enveloppe brûlante. Vus de la terre, les trois quarts du ciel vireront au rouge. La température sur Terre deviendra intenable. Les mers s’évaporeront, les forêts partiront en fumée. Pour échapper aux brûlants tentacules de la géante rouge, nos arrière-arrière-petits enfants devront migrer vers l’extrême bord du système solaire, sur Pluton."</span><br /><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> Ce ne sera que le début de l’exode. Une fois que notre étoile aura dévoré ses réserves d’hydrogène, elle s’attaquera à son cœur d’hélium, qui se transformera en cœur de carbone. Et lorsque les réservoirs d’hydrogène et d’hélium seront à sec, le Soleil, insuffisamment massif pour mettre à feu son carbone, s’éteindra et s’effondrera sur lui-même. Il deviendra une naine blanche de la taille de la Terre. À supposer qu’ils aient survécu jusque-là, nos lointains descendants auront anticipé cette mort et trouvé non loin de nous une étoile jeune accompagnée d’une planète habitable.</span><br /><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> On pourrait se contenter de cette belle histoire de phénix stellaire, imaginer une série perpétuelle de recommencements et se dire que le temps n’a pas de fin. Mais fin il y a, et elle est sombre. Les cosmologistes se sont longtemps demandé quel sort était réservé à l’Univers. Celui-ci allait-il se rétracter sur lui-même et, tout comme il a commencé par le Big Bang, se terminerait-il par un Big Crunch ? Resterait-il plus ou moins stable ou, troisième solution, connaîtrait-il une expansion accélérée ? La réponse est désormais connue : une mystérieuse énergie noire domine l’Univers et, agissant comme une sorte d’anti-gravité, éloigne les galaxies les unes des autres dans un mouvement général d’expansion accélérée.</span></h4><h4 style="text-align: center;"><span style="color: #800080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">L’appel du vide</span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> Pendant encore très longtemps, les conséquences seront nulles pour nos virtuels héritiers. Mais il faut pas se leurrer, l’énergie du vide finira par éparpiller les galaxies à des distances si importantes que, dans quelques dizaines de milliards d’années, nous n’en verrons plus aucune. Notre propre Voie lactée <span style="font-family: 'courier new', courier, monospace;">-</span> qui aura entre-temps fusionné avec la galaxie d’Andromède et sans doute d’autres représentants de la gent galactique <span style="font-family: 'courier new', courier, monospace;">-</span>, commencera elle-même à se diluer dans le grand vide. Les immenses nuages de gaz et de poussières qui, en se contractant, donnent naissance aux étoiles et à leurs cortèges de planètes se rassembleront de plus en plus difficilement, tout comme les enfants d’une même école qui, après s’être longtemps côtoyés, finissent par se perdre de vue.</span><br /><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> Les étoiles en mourant, n’ensemenceront plus leur voisinage, ne pourront plus jouer aux phénix. Leur énergie sera perdue pour toujours, et la matière se dispersera comme cendres soufflées au vent. Seuls subsisteront, pour un temps, les naines brunes, ces avortons d’étoiles trop peu massifs pour allumer en eux le feu nucléaire, les cadavres stellaires <span style="font-family: 'courier new', courier, monospace;">-</span> naines blanches, étoiles à neutrons<span style="font-family: 'courier new', courier, monospace;"> -</span> et les trous noirs.</span><br /><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> Mais même ces derniers, qui sont pourtant les plus denses de la nature, ne résisteront pas à cet appel du vide. Car, comme l’a démontré l’astrophysicien britannique Stephen Hawking, les trous noirs rayonnent de manière infime. Placés dans un environnement dont ils ne peuvent tirer substance pour se nourrir, ils finiront par s’évaporer.</span><br /><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> L’univers aura alors 10<sup>100</sup> (soit 1 suivi de 100 zéros) années d’âge et ressemblera à un néant noir parsemé de-ci de-là de particules élémentaires. Évidemment, on peut chipoter, discuter, ergoter, affirmer que, tant que la matière existe, on n’a pas le droit de parler de néant et d’euthanasier le temps. On peut aussi être moins à cheval sur les mots, ne pas oublier que le temps est une notion humaine ou tout au moins biologique, et se dire que le cosmos ainsi que les chroniques astronomiques ont droit à une belle mort.</span><br /><br /></h4><h4 style="text-align: center;"><span style="color: #0000ff; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em><strong>Pierre Barthélémy</strong></em></span></h4>
dierese98http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/about.html"Le masque intérieur", de Jean-Marie Gibbal, Pierre Jean Oswald éditeur, mai 1973, 96 pages, 12,30 Ftag:diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com,2021-10-04:63414902021-10-05T04:21:06+02:002021-10-04T14:02:00+02:00 Un poète à part, discret et très peu médiatisé, né à Grenoble en 1938,...
<h4 style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Un poète à part, discret et très peu médiatisé, né à Grenoble en 1938, ethnologue, critique d'art, qui a vécu et travaillé en Côte d'Ivoire, a officié au Mali et qui "pour le reste" habitait Paris par nécessité. On citera de lui : <span style="color: #800080;"><em><strong>Les génies du Fleuve</strong></em></span>, Presses de la Renaissance (1988) et son remarquable <em><strong><span style="color: #800080;">Georges Perros</span></strong></em>, paru chez Plon en 1991. Il s'est éteint en février 1993, à Grenoble.</span></h4><h4 style="text-align: center;"><span style="font-family: 'arial black', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #008000;">*</span></strong></span></h4><h4><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>pour Evane</em></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><br /><span style="font-family: 'arial black', sans-serif; font-size: 12pt; color: #339966;"><strong>Q</strong></span>uel que soit l'endroit où tu te trouveras, ce sera l'est et l'ouest à la fois<br /><br /> Le matin et le soir confondus<br /><br /> Les confins se toucheront<br /><br />Quel que soit l'endroit où tu te trouveras ce sera toujours le plus à l'ouest<br /><br /> Dans la profusion du couchant océan<br />Pourtant les cristallins lichens de l'aube estomperont les montagnes brumeuses.<br />Des vapeurs monteront des forêts immobiles<br />Et tu les verras de ton arène sèche encerclée par les ombres fauves des falaises.<br /><br /> Dans le matin et le soir confondus<br /><br /> Alors<br /><br /> Tu seras arrivé</span><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">.</span></h4><h4 style="text-align: center;"><span style="font-family: 'arial black', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #008000;">*</span></strong></span></h4><h4><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="font-family: 'arial black', sans-serif; font-size: 12pt; color: #339966;"><strong>L'</strong></span>automne cœur de chêne éclaté<br /><br />Somptueuse maladie du feuillage<br /><br />Entonne ses cuivres graves et rauques<br /><br />La nuit s'écarte du jour<br /><br />Et nous recherchons autour d'un feu de bois<br /><br />Le doux soleil des raisins mûrs des vallées sèches et des pierres dorées<br /></span></h4><h4> </h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">L'étang se noircit au ventre des nuages<br /><br />Le brochet flèche d'eau s'accroche au vif meurtrier<br /><br />Le ciel s'emplit alors d'immenses oiseaux invisibles<br /><br />Les arbres frémissent aux palpitations de leurs ailes et se dénudent sur leur passage<br /><br /></span></h4><h4 style="text-align: center;"><span style="color: #000080; font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="color: #0000ff;"><em><strong>Jean-Marie Gibbal</strong></em></span></span></h4>
dierese98http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/about.htmlPeinture pour la première de couverture : Diérèse 75, hiver 2018-2019, 304 pages, 15 €tag:diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com,2021-10-03:63413072021-10-03T15:28:57+02:002021-10-03T15:22:00+02:00 Peinture de Pacôme Yerma, sur isorel En exergue à ce numéro 75...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6299510" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/media/02/01/1609926922.png" alt="pour 1ère 75.png" /></p><h4 style="text-align: center;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 10pt; color: #800080;">Peinture de Pacôme Yerma, sur isorel</span></h4><h4 style="text-align: center;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 10pt; color: #800080;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; color: #000080;">En exergue à ce numéro 75 (épuisé), deux vers de <br /><strong><span style="color: #0000ff;">Mathieu Bénézet</span></strong> :</span><br /><br /><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif;">"ce n'est pas en vain qu'en toute saison la langue</span><br /><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif;">nous fond en elle comme plomb et nous cache à nous-mêmes"</span></span></h4>
dierese98http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/about.htmlLe Crabetag:diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com,2015-03-27:55917462021-10-04T17:46:57+02:002021-10-03T00:15:00+02:00 A u crabe j'adresse ces quelques vers, à la nue qui babille...
<h4 style="text-align: center;"><img id="media-4985196" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/media/02/01/1606402474.jpg" alt="CRABE BLOG.jpg" /><br /><br /></h4><h4><span style="color: #800080; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; font-size: 10pt;"><strong><span style="font-family: 'arial black', sans-serif; font-size: 12pt; color: #339966;">A</span></strong>u crabe j'adresse ces quelques vers, à la nue qui babille<br /></span><span style="color: #800080; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; font-size: 10pt;">entre les lèvres des rochers noirs</span><br /><span style="color: #800080; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; font-size: 10pt;">pour effacer tes propres convictions<br /></span><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #800080;">face aux bleus qui se mêlent s'emmêlent<br />telle une assemblée de vocables pointeraient le réel</span><br /><span style="color: #800080; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; font-size: 10pt;">les sables et taches blanches <br />les algues médusées</span><span style="color: #800080; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; font-size: 10pt;"> par les hautes crêtes<br />pointées sur la carte des constellations<br /></span><span style="font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; color: #800080;">avec le souffle du hasard<br />la sublime confusion des éléments<br /></span><span style="font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; color: #800080;">contingences et conjectures dédiées<br /> à l'éventail des pinces recroquevillées sur elles-mêmes</span><br /><span style="font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; color: #800080;"> à ces yeux fous jouant des filaments stellaires</span><br /><span style="font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; color: #800080;"> dessinés par la surface, au fil des anfractuosités</span><br /><span style="font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; color: #800080;"> chimères éveillées que confondent une à une<br /> les vagues rivales des devins et oracles<br /><br /></span></h4><h4 style="text-align: center;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif; font-size: 10pt;"><strong><em><span style="color: #0000ff;">Daniel Martinez</span></em></strong></span></h4>
dierese98http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/about.htmlEntretien de Rodica Draghincescu avec Béatrice Bonhomme (extraits)tag:diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com,2021-10-01:63409872021-10-03T15:27:27+02:002021-10-01T21:19:00+02:00 Rodica Draghincescu : Le texte poétique est de la langue sensible qui...
<h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><strong><span style="color: #800080;">Rodica Draghincescu</span></strong> : Le texte poétique est de la langue sensible qui se distingue d'un discours banal. La langue du poète obéit à un grand nombre de contraintes et de limites de tout genre, elle a peu de libertés. Une poésie est faite des langues et des univers sémantiques d'autres poésies. Le poète doit-il savoir apprendre, maîtriser et oublier les autres poètes pour apporter et offrir son originalité au monde ?</span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><strong><span style="color: #008000;">Béatrice Bonhomme</span></strong> : Il est certain, et l'on rencontre alors la pensée de Francis Ponge, qu'il est bien difficile de faire du nouveau avec des mots qui sont codifiés par des voix collectives qui parlent en nous, à notre place si nous n'y prenons garde, tout ce qui nous fait ressembler aux autres et qui étouffe la voix du plus précieux. Ainsi Ponge avoue son dégoût pour la radio comme boîte à ordures du langage. On pourrait y ajouter aujourd'hui la télévision et bien d'autres médias. Les paroles sont toutes faites, "elles s'expriment, mais ne m'expriment point" dit ainsi le poète. Le langage, c'est "un tas de vieux chiffons pas à prendre avec des pincettes" (d'où la lessiveuse, si utile !). Il faut apprendre à parler contre les paroles, inventer sa propre rhétorique qui est l'art de donner la parole à la minorité de soi. Car l'écriture est un combat comme l'écriture d'Artaud ou l'écriture de Kafka l'étaient. Le geste de forage crevant la feuille de papier se transforme en geste de danse et de combat, dans un acte infini de guerre. Dès lors, ce dont on ne peut parler, il faut le dire. Kafka le savait qui notait qu'il se décidait continuellement à la manière d'un boxeur. Il aurait pu dire cela d'un poète. On peut penser aussi à Dupin comme boxeur, danseur de l'écriture, militant. C'est à ce prix que la poésie reste dans l'ensemble des discours que nous propose la société, le discours alternatif.<br /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><strong><span style="color: #800080;">Rodica Draghincescu </span></strong></span><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;">: Un discours de résistance ?<br /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><strong><span style="color: #008000;">Béatrice Bonhomme</span></strong> : Oui, le discours de résistance. Tenter de trouver sa voix originale, même si tout le monde n'est pas Rimbaud... Je n'ai pas cette prétention ! En outre, vous avez raison, il y a aussi tous les écrivains, tous les poètes qui ont parlé avant nous et dont, sans parfois même le savoir, nous sommes tributaires. Il est bien difficile d'apporter ne serait-ce qu'un mince filet de voix qui reste original et nouveau. C'est ce que nous espérons tous, pourtant. Mais ne nous faisons pas trop d'illusions.<br /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><strong><span style="color: #800080;">Rodica Draghincescu </span></strong></span><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;">: Pourriez-vous nous parler de vos libertés, de vos contraintes et vos limites en poésie?<br /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><strong><span style="color: #008000;">Béatrice Bonhomme</span></strong> : Ma seule liberté, c'est peut-être de ne vouloir tenir compte ni des modes, ni des écoles ou des mots d'ordre poétiques, lyrisme, littéralité, textique... tout cela m'est indifférent. D'ailleurs, je me sens en dehors des circuits comme ma revue elle même (<em>ndlr</em> : la revue <em>Nu(e)</em>, qui compte 71 numéros, actuellement diffusée au format électronique) qui a toujours voulu publier des poètes de tous les bords et de toutes les écritures pourvu qu'elles soient exigeantes. Même géographiquement, je suis un peu en marge. Nice est un peu situé aux confins ! Rares sont ceux qui ont lu mon travail, je n'ai jamais eu de reconnaissance officielle. Je n'ai pas publié chez de grands éditeurs. Je continue à faire ce que j'ai à faire. Ma liberté est donc assez grande, car je n'attends rien de plus que le fait d'écrire.<br /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><strong><span style="color: #800080;">Rodica Draghincescu </span></strong></span><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;">: A travers mes discussions avec le public amateur de poésie, j'ai constaté que les lecteurs lisent les poètes de jadis plus que ceux d'aujourd'hui, surtout lors des commémorations.<br /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><strong><span style="color: #008000;">Béatrice Bonhomme</span></strong> : Oui, c'est vrai sans doute. Les commémorations sont de toutes façons davantage propices à des lectures de poèmes rimés, plus faciles à mémoriser que les formes de la poésie contemporaine. D'ailleurs, je ne crois pas que les commémorations soient très "poétiques"... Les commémorations ont quelque chose d'emphatique que fuit la poésie contemporaine, justement. En ce qui concerne la suite de votre question, la poésie s'est en effet coupée du grand public, peut-être parce que les recherches conceptuelles, métatextuelles, intellectuelles, ont un peu effrayé le public, à un certain moment même si la poésie en est revenue (mais peut-être pas le public...)<br /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><strong><span style="color: #800080;">Rodica Draghincescu</span></strong> : L'on dit que le meilleur moyen de cultiver et faire goûter la poésie vivante pour les autres et aux autres c'est de diffuser les revues de poésie puisque la plupart des maisons d'édition n'éditent que des poètes disparus ou très connus. Béatrice, vous-même, vous avez fondé la revue <em>Nu(e)</em>, qui publie des poètes contemporains depuis 1994 et souvent, vous accueillez à Nice, des auteurs dans le cadre des lectures ou des manifestations autour de la poésie. Quelles seraient les satisfactions et les déceptions de ces projets à long terme ?<br /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><strong><span style="color: #008000;">Béatrice Bonhomme</span></strong> : Les satisfactions : partager la création avec d'autres. Chaque numéro de revue constitue un espace offert à un poète qui choisit lui-même les créateurs dont il veut s'entourer, les plasticiens, les critiques littéraires, les poètes, avec lesquels il entretient des affinités. Ce style a permis au cours des années à la fois une cohérence autour d'un auteur et une diversité grâce à la présence de plusieurs formes d'écritures <span style="font-family: 'courier new', courier, monospace;">-</span> interviews, critiques littéraires, poèmes, critiques d'art <span style="font-family: 'courier new', courier, monospace;">-</span> et a créé des résonances, des échos, entre chaque texte ou entre les textes et les interventions des peintres. Dans cette "mise ensemble" il y a une volonté de décloisonner, de mêler et de rapprocher, de faire se croiser des écritures et des individus qui, sinon, resteraient chacun dans leur univers. La revue permet ainsi de rassembler des voix qu'on n'imaginerait pas ensemble. Elle trouve sa justification dans ce désir d'échanger, d'établir des liens entre les auteurs, liens parfois polémiques mais toujours inducteurs de dialogue. En outre, la revue permet de publier en temps réel, ce qui donne un plus grand dynamisme à la création, alors que la moindre édition prend de 3 à 4 ans et établit ainsi une forme de distance, de retard. La revue consiste, elle, en une autre approche qui n'est pas celle des grandes éditions orientées vers la consommation et soumises à des impératifs économiques. Ainsi il y a un divorce avec la logique de marché. La revue, c'est un lieu de travail, un lieu de correspondance, un lieu où tout le monde est à égalité, un lieu d'exercice de l'amitié.</span></h4>
dierese98http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/about.html"L'arbre le temps", de Roger Giroux, éd. Mercure de France, 30/4/1964, 104 pagestag:diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com,2020-04-07:62277972021-10-01T13:36:22+02:002021-10-01T13:36:22+02:00 Ayant pris possession de ses ombres, le poète occupe un espace démesuré :...
<h4 style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif;">Ayant pris possession de ses ombres, le poète occupe un espace démesuré : la transparence. Est-ce une tragique état, ou le chant de l'oiseau qui est au centre de la croix ? Connaissant du moins la hauteur du souffle, est-il pour lui d'autre parole que mitoyenne ?</span><br /><span style="color: #000080; font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif;">Au carrefour du sang et de la lumière, la phrase serait or véritable.<br /><br /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif;">Poussière d'être, affleurement de paroles sensibles, feuillages qui bougent dans l'eau de l'âme, pulsation de maintes minutes... et je reste sans voix dans la fine prison des sens.</span><br /><span style="color: #000080; font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif;">Être cela, multiple, à la pointe qui tremble, frissonne et tremble dans l'intervalle du sang et de la lumière, à la naissance de l'amour.<br /><br /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif;">Rien n'est jamais dit. Et, toujours, dire ce rien. Perpétuelle naissance du poète. Et va-t-il s'arracher le visage ? Car c'est plus loin qu'il prétend voir, antérieurement à tout espace. Et qui l'emportera, d'un hurlement qui l'étrangle, ou de la joie, qu'il ne peut pas communiquer ?</span><br /><span style="color: #000080; font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif;">Nulle fable.</span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif;">De l'un à l'autre silence, en égale question, le poème s'équivoque.</span></h4><h4> </h4><h4 style="text-align: center;"><span style="color: #0000ff; font-size: 10pt; font-family: trebuchet ms,geneva,sans-serif;"><em><strong>Roger Giroux</strong></em></span></h4>
dierese98http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/about.htmlShirley Carcassonne illustre Roger Girouxtag:diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com,2021-09-28:63403022021-09-29T17:49:19+02:002021-09-29T17:49:19+02:00...
<h4 style="text-align: center;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"><img id="media-6297908" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/media/00/01/3540980984.jpg" alt="X3_004.jpg" /></span></h4><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"> (Reine d'aller, jadis</span><br /><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"> Et, plus proche que toutes,</span><br /><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"> Être soi-même le désir,</span><br /><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"> Elle disait je viens,</span><br /><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"> Comme on dresse les fleurs,</span><br /><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"> Par soudaine clarté :</span></h4><h4 style="text-align: justify;"><br /><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"> Cette chambre où je suis,</span><br /><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #000080;"> D'un matin idéal...)</span></h4><h4 style="text-align: justify;"> </h4><h4 style="text-align: center;"><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #0000ff;"><strong>Roger Giroux</strong> in <strong><span style="color: #800080;"><em>L'arbre le temps</em></span></strong>, </span><br /><span style="font-family: 'trebuchet ms', geneva, sans-serif; font-size: 10pt; color: #0000ff;">Mercure de France 30/4/1964</span></h4>