Un livre peint de Pascal Ulrich
06/05/2014
Voici le livre d'artiste que Pascal m'envoya par la Poste en mai 2001, ici scanné, il y a de cela juste 13 ans ! Les pages intérieures ont été peintes en 1996, sur du carton doublé, puis les deux petites pages d'un poème improvisé collées à vif : feuilles d'or sur monnaie-des-morts. Le tout relié avec un fil de coton blanc, apparent sur les pages centrales, les 4 & 5. Regardez bien :
Vous dites ?
3 commentaires
Quel risque pris de ces feuilles peintes fougueusement et de ces mots à peine écorcés, comme s'il vous parlait depuis un exil intérieur vous faisant cadeau de son échec à dire, à peindre. Cette splendeur, cette chute content une histoire d'errance et d'illumination. Ça s'effondre, se contracte, se dilate, se fracasse. Comme si l'artiste se retirait et laissait aller les mots et les couleurs. "Paradoxes et contradictions en plein cœur de l'orage". Il inscrit et rejette hors de lui cette neige faite plumes , associant librement la douceur et l'enfer, volupté et solitude. Puissance d'un surgissement barbare, d'une révélation balbutiée sur fond d'effondrement. Il y a un deuil dans ces accents pourpres zébrés d'éclairs métalliques, un cosmos à la dérive où l'homme n'a plus de place. "Non, vraiment, c'est pas la peine" soupire Picabia, collé "à vif" sur les sutures des pages. L'éphémère touche ici au mythe par la relation incertaine des maux-dits et de la couleur. Une grande brutalité dans cette matière chaotique. Quelque chose de brut pour porter la nacelle d'une parole-luciole fragile. Dépôt tremblant d'étoiles pour l'ami. La chute d'Icare...
Guérir des maux par l'écriture, mots pour maux en quelque sorte.
Il y avait chez Pascal Ulrich un espace constitués d'espaces qu'il s'était confectionnés, à dimension humaine. Y entraient son art, sa parole poétique, sa rage et sa révolte, son bonheur inquiet, et le reste, des poussières d'étoiles et de contellations.
Pas de définition du Beau, on le sait, juste des pistes, propres à l'envolée, à un "rêve lucide". Infinie, l'aventure... c'est ce dont il était persuadé, la beauté est éternelle et l'artiste, vivant ou disparu, en est, en demeure le vecteur : incontournable.
André Breton...
« Nadja » 1928 : « La beauté sera convulsive ou ne sera pas »
« L’amour fou » 1942. : « La beauté convulsive sera érotique-voilée, explosante-fixe, magique-circonstantielle, ou ne sera pas. »
Les commentaires sont fermés.