Shi Tao (1641-1720)
16/05/2016
Shi Tao, qui a laissé une oeuvre picturale admirable, fut aussi et non moins calligraphe et poète, incontestablement le plus inventif des "individualistes" de l'époque Qing, une dynastie mandchoue qui régna sur la Chine de 1644 à 1911. Il a laissé un livre assez bref, qui a fait sa célébrité : Les Propos sur la peinture du moine Citrouille-Amère, écrit en 1705.
Rive aux fleurs de pêchers, encre et couleurs sur papier,
en regard de deux vers de Li Bai (en haut, à droite),
extraits de "L'îlot des perroquets"
Ce manuel est devenu un classique ; il résume l'expérience artistique de toute une vie. Le sinologue Simon Leys* (alias Pierre Ryckmans), à qui l'on en doit la traduction, définit dans ses commentaires très complets la portée de ce traité : "Il s'agit d'un ouvrage exclusivement philosophique, dont la pensée est organisée en un système synthétique."
Au fil de cette véritable quête spirituelle, marquée par le taoisme notamment, Shi Tao parvient à mettre en mots le mystère de la création : "Monts et fleuves, écrit-il ainsi, se sont rencontrés avec mon esprit, et leur empreinte s'y est métamorphosée, en sorte que finalement ils se ramènent à moi."
Chaque fragment de ce texte rare possède cette densité magique. DM
Les Propos sur la peinture du moine Citrouille-Amère, Shi Tao, traduit du chinois et commenté par Pierre Ryckmans, éditions Plon, 250 pages, 25 €.
* Ecrivain belge wallon né à Bruxelles en 1935. Sinologue, il enseigna le chinois et vécut en Chine durant la Révolution culturelle qu'il fut l'un des premiers à dénoncer dans un essai : Les habits neufs du président Mao (1971). L'Ange et le Cachalot (essai, 1998) réunit des textes sur la littérature, la traduction et la calligraphie chinoise.
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