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En fait de "posthumes", c'est un Breton bien vivant qui nous parvient avec le troisième volume de ses Œuvres complètes dans La Pléiade.
Il est à New York, passant par la Martinique, durant l'Occupation. En dépit de l'amitié de Peggy Guggenheim, de celle de Marcel Duchamp, sa vie n'est pas drôle. Sa femme le quitte. Il se bat (épistolairement) avec Saint-Exupéry. Il accepte de devenir à la radio l'une des voix de "la France libre". Il n'abdique pas. Il découvre Victor Hugo spirite et le jeune Charles Duits. Matta contribue à lui faire connaître "les grands transparents". En 1943, au restaurant français Larrès il rencontre Elisa Claro et c'est de nouveau "l'amour fou".
Le retour ne se fera qu'en 1946, par, de nouveau, la Martinique (où il déclenche une mini-révolution). Bien que quelques-uns, comme Maurice Saillet et moi-même ayons préparé son accueil, il revient, un peu las et désabusé, dans un Paris qui l'ignore. Sartre et Camus tiennent le haut du pavé. Ils ne lui veulent pas de bien. La réciproque est vraie. L'exposition chez Maeght, "Le Surréalisme en 1947", préparée avec Duchamp, si elle connaît un succès public, n'a pas suscité l'intérêt de la presse.
Tzara, d'un côté, Roger Vailland de l'autre, s'en prennent à lui et au Surréalisme. Il fait face. Comme s'il avait besoin de plaider une cause qui a, hélas ! perdu de sa virulence, Breton doit s'en remettre aux journalistes, à André Parinaud pour des Entretiens à la radio, à Jean Duché du Figaro, à Louis Pauwels dont il se veut l'ami.
Les textes sont là. Et c'est de nouveau un bonheur. Qu'on rêve en sa compagnie ou en celle d'Elisa dans Arcane 17, c'est toute la magie qui revient, des horizons toujours ouverts.
Maurice Nadeau
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