"Le Carnet et les Instants", n°183
08/10/2014
Au sommaire de cette revue belge qui vaut le détour, éditée par la Direction de la culture, Fédération Wallonie-Bruxelles, un intéressant Dossier sur la poésie contemporaine, signé par Daniel Laroche, où l'on retrouve avec plaisir Jean-Claude Pirotte (voir les notes de ce blog qui lui ont été consacrées), William Cliff, Guy Goffette, Werner Lambersy, Eugène Savitzkaya (et avec un peu plus de réserve à mon sens, Jean-Pierre Verheggen). Très juste constat dressé par l'auteur de ce Dossier : "L'écriture - et singulièrement l'écriture poétique, hypersensible aux tensions langagières - semble tiraillée entre deux peurs contradictoires : celle d'en dire trop, celle de ne pas en dire assez. Là où l'emporte la première, le texte présente une condensation verbale plus ou moins forte, pouvant aller jusqu'au laconisme du haïku japonais, sinon davantage... On l'a souligné, des poètes comme W. Cliff (portrait en 1e de couverture, ndlr) ou J.-C. Pirotte (en 4e de couv.) sont à mille lieues du lapidaire. Le tout-venant de la vie fait farine à leur moulin, y compris les détails les plus insignifiants..." Une vision qui aurait pu être affinée par l'opposition basique : classique/avant-gardiste, même si la critique rechigne à en parler tout de go : qu'a donc à voir la poésie rimée de William Cliff (poète qui a offert ses contributions à Diérèse) et celle d'un Eugène Savitzkaya ?, sans que l'on puisse à proprement parler, pour ce dernier, "d'avant-gardisme". Ou encore celle d'un Yves Namur, avec une poésie plus orientée vers la pensée ? Au final, il ne reste que - si j'ose dire et pour aller bien vite, à mon habitude - les poètes qui se survivront à eux-mêmes et... les autres. Le facteur temps est, toutes affaires cessantes, le plus sûr et le plus objectif d'entre tous.
Et puis, et puis : l'annonce de la sortie de deux opus posthumes de Jean-Claude Pirotte**, soit Portrait craché au Cherche-Midi (16,50 €) & A Saint-Léger suis réfugié (poèmes), éd. L'Arrière-Pays (11€). Alain Delaunois commente plutôt le premier : "Le Portrait craché qu'avait préparé l'auteur, et qui paraît au Cherche-Midi, s'inscrit dans la suite de Brouillard (2013). Il rassemble, en de courts chapitres autobiographiques, des évocations d'une enfance hantée par le rejet de la mort, les épisodes, parfois rehaussés de couleurs, d'une vie de cavale - tant qu'à faire d'avoir été honni autrefois, il la métamorphosait en épopée de Far West ardennais -, des observations sur la lutte quotidienne qui se livre entre le corps et la maladie, d'heureux souvenirs de lectures qu'il revivifie à chaque ouverture d'un livre." DM
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