A la mémoire de Jean-Claude Pirotte
27/03/2016
Une encre inédite de Jean-Claude Pirotte
Au vieux port que le couchant teinte de rouge, le vent tombe soudain et les deux chantiers navals se taisent. Les odeurs du suif et du goudron, de la peinture fraîche et du bois chaud, de la rouille qui attaque les chaînes d'ancre flottent dans l'air mais la vie s'est arrêtée à bord des bâteaux au mouillage et les mâts se balancent dans l'ombre qui guette. Parmi ces bateaux, il en est un de toute beauté que tout un chacun peut admirer : un gros caïque bleu outremer, aux flancs lourds, au pont verni. Les matins de soleil, en hiver, il sèche ses voiles brunes dans le vent timide.
Quand la lumière diurne s'estompe, Ariane s'endort, roulée dans le manteau de Thésée. Les mains pressées contre sa poitrine. S'y mêlent des coquillages orangés qui ressemblent à de petites oreilles vernies, de fins éclats de marbre et de lapis lazulis. Puis le paysage se brouille et vacille. Avec les derniers échos d'un monde qui respire à peine, vous qui m'écoutez à cette heure, entendez-le.
Daniel Martinez
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