Nathalie Rochard
19/10/2014
Née en 1958, Nathalie Rochard vit et travaille dans le Loiret. Ses poèmes, qui touchent à l'essentiel, sont à l'image du "pur jaillissement" de l'énigme poétique. Ils transcrivent le vivant épris de souffle, qu'il ait visage du "berger des taillis", aux "ailes d'eau" et aux "yeux de sable" ; ou "de tous les oubliés", source de ce "qui t'impose l'offrande"... Un peu à la manière d'un Jan van Eyck peignant son reflet dans un miroir situé derrière les deux personnages du Portrait des époux Arnolfini, le médium poétique fait image et diffracte le message, comme en témoignent ces vers. DM
L’eau du fleuve…
L’eau du fleuve,
cadastre des mots courants
et solitude abondante,
se souvient
de tous tes oubliés.
Le couteau des osiers,
les mains à tes chevilles,
les rives séparées
sont comme un appel
de la chose perdue
qui t’impose l’offrande.
En dessous des bourrasques
la violence dans l’étiage,
et la caresse tremblée de l’adieu.
* *
On porte...
On porte sa joie avec prudence
au fond d’une boîte à boutons.
La nuit monte
vers les fêtes sauvages
qui bourdonnent aux fenêtres.
* *
Le berger des taillis...
Le berger des taillis
ailes d’eau, yeux de sable
s’égare, trébuche, consent.
Noli me tangere.
Il n’est pas encore temps.
Quand le silence aura pris forme
dessous les pluies profondes
à la mort qu’il fallait
son visage intérieur
aura bâti une arche.
* *
Le lin fleurit…
Le lin fleurit
au pied du clocher.
Un vent de pardon agite
champs de seigle et moulins.
La blessure de la grâce
est un cheval
à ta main confiante.
Nathalie Rochard
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