Thérèse Jeanneau
28/10/2014
Une luxuriante végétation envahit les lieux, la montée des eaux de la lagune inonde Venise, un corps captif cherche l'issue... Chaque fois, les thèmes qui s'imposent à Thérèse Jeanneau racontent une nature excessive et débordante, presque exténuée ; car si elle peint avec vigueur la vitalité des éléments, l'idée (ou la lumière) d'un univers rongé par la force même de cette nature s'insinue dans ses oeuvres, en réduit le tumulte et tempère le climat claustrophobe. Sous couvert d'images repérables, on trouve l'éternel combat de l'ombre et de la lumière, du clos et de la trouée, du plein et du vide ; bref, de la lutte entre les forces de vie et leur précarité dont l'évocation porte le beau nom de mélancolie. (voir note du 20/4 :"Melancholia")
Herbes folles rongeant les façades des Palazzi, portails ouverts sur une forêt de ronces, cimetières désertés aux pierres ensevelies sous des monceaux de verdure, les Jardins de Jeanneau sont la transcription de visions entr'aperçues lors de ses fréquents séjours en Italie du Nord. Cadré par de sombres marges, le Jardin est volontairement mis à distance, rendu mystérieux et impénétrable. A la saturation de l'espace par la couleur, correspond le choix de travailler la gouache sur un papier fortement détrempé, comme si le monde végétal plongeait ses racines dans l'humidité féconde de la matière picturale.
Sans titre, 1985, gouache sur papier (91 x 65 cm)
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