"Il est difficile d'être un dieu", d'Alexeï Guerman (1938-2013)
11/02/2015
Alexeï Guerman n'est connu que d'une poignée de cinéphiles. La sortie en salle de son chef d'oeuvre Il est difficile d'être un dieu, assortie d'une rétrospective à la Cinémathèque (jusqu'au 22 février, à Paris) devrait remettre ce grand cinéaste à sa place : au firmament des grands réalisateurs russes.
Il serait mensonger de qualifier cette magnifique fresque en noir et blanc, inspirée d'un roman d'Arcadi et Boris Strougatski, d'oeuvre facile. Les aventures d'un homme sombrant dans la folie alors qu'on le prend pour une divinité dans un monde extraterrestre aux allures médiévales sont aussi envoûtantes que déroutantes.
Svetlana Karmalita, veuve du cinéaste et coscénariste de ce film testament, admire l'oeuvre de son compagnon. "J'ai du talent, mais lui avait du génie, assure-t-elle. Je comprenais le scénario quand nous travaillions ensemble mais, très vite, plus personne ne parvenait à le suivre sur le tournage." Le fait que les prises de vue se soient étendues sur plusieurs années n'a pas aidé à clarifier la vision de l'équipe. Cette fable foisonnante est si puissante et si riche qu'on ne sait plus où donner des yeux.
Le spectateur a l'impression de plonger dans le cerveau du maître. Mouvements de caméra vertigineux, gros plans et scènes délirantes font bon ménage dans cet univers de chaos. "Lorsqu'Alexeï a montré le film terminé à l'équipe, nous étions tous sidérés, se souvient Svetlana Karmalita, non parce que nous doutions de lui, mais parce qu'il était encore plus fort que ce que nous attendions."
Caroline Vié
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