Poèmes à Gaëlle, XII
07/03/2015
XII
Sur la double ligne des saisons
c'est pour toi que j'écris ma douce
Hiver est au repos Printemps couve
sous le toit refait de frais un balcon de colombes
des coraux cervicornes des fibules de cuivre
les veinules de pétales de roses
pleurées entre les dents
sans un mot mais les murmures
les mille langues muettes
du vent à l'ouvrage sous l'empreinte des nuages
Printemps abrite encore des images
des clefs dont les serrures sont depuis lurette
hors d'usage les pas de l'Architecte
son nom gravé sur les solives
écoute vois parmi nous ces joueurs attablés
dont aucun n'a visage mais qui nous regardent
intensément c'est ma vie c'est la tienne
Tu as neuf mois tout juste en ce jour
les dix bras de la nuit ont soufflé la berceuse
au son de laquelle tu t'es endormie
dans le tourbillon au loin toutes les pensées défaites
en face d'un château d'une cathédrale
peut-être que la ville entière
tourne un peu sur elle-même
avec les pousses des premiers crocus
avec la fièvre de palais leurs mille pièces aveugles
Avec la lumière marine où baigne
cerné de flammes solaires le bassin
avec l'oiseau à tête bleue
dans le crépuscule du matin
à quoi penses-tu dis-moi dis-le moi donc
et que mon esprit devienne
celui qui repose en toi
dans un feu blanc resplendissant
laissant paraître dans l'arrière-fond
d'incroyables mouchetures d'un vert sauvage
des fils d'épeire tendus au matin
dans la campagne nue où piaffent des chevaux bais
Daniel Martinez
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