Le premier des 154 "Sonnets" de Shakespeare, traduit par Jean Rousselot
02/07/2015
From fairest creatures we desire increase,
That thereby beauty's rose might never die,
But as the riper should by time decease,
His tender heir might bear his memory ;
But thou, contracted to thine own bright eyes,
Feed'st thy light's flame with self-substantial fuel,
Making a famine where abundance lies,
Thyself thy foe, to thy sweet self too cruel.
Thou that art now the world's fresh ornament
And only herald to the gaudy spring,
Within thine own bud buriest thy content
And, tender churl, mak'st waste in niggarding.
Pity the world, or else this glutton be,
To eat the world's due, by the grave and thee.
William Shakespeare
Traduction de Jean Rousselot
Des plus beaux êtres nous voulons progéniture,
Que la rose, ainsi, ne meure la beauté,
Mais que, lorsqu'à son terme expire la plus mûre,
Puisse un frêle héritier sa mémoire attester.
Mais toi, qui à tes seuls yeux brillants te fiances,
De ta propre substance tu nourris ta flamme,
Créant une famine où régnait l'abondance,
De toi-même ennemi, trop cruel pour tes charmes.
Toi qui es aujourd'hui l'ornement frais du monde,
Et ne fais qu'annoncer encor le gai printemps,
De ton bourgeon tu fais à ta sève une tombe
Et tu te ruines, jeune avare, en lésinant.
Aie donc pitié du monde ou bien mange, goulu,
Ce qui par toi et par la tombe lui est dû.
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