Mario Luzi (1914-2005) traduit par Jean Rousselot
13/03/2019
A ma mère dans sa maison
Accueilli par ta vieille maison grise,
Je suis allongé sur un lit d'angoisse
Qui, tant d'années, fut peut-être le tien,
Et je compte les heures si lentes qui passent,
Plus lentes encor sous la nuée que je trace
Dans le maigre sol de cette nuit d'août.
Un homme qui revient en pleine nuit des champs
Échange un signe de fatigue avec un autre,
Monte la côte, enfile la ruelle, pousse
La porte du taudis. L'haleine chaude
Du sirocco dérange le repos des gens
Et fait gémir les infirmes et les reclus.
Je ne dors pas, je suis le pas du noctambule :
Un fou peut-être, ou bien un jeune homme un peu soûl,
Qui résonne sur le trottoir et les cailloux
Et je laisse et reprends sans fin mon propre faix
Et, plus bas que jamais encor je ne l'ai fait,
Je descends dans ce temps, je descends dans ce peuple.
Mario Luzi traduit par
Jean Rousselot
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