"Baudelaire", de Claude Pinchois et Jean Ziegler, éd. Julliard (1987) opus 1
18/08/2016
Charles Baudelaire meurt en 1867 à l'âge de 46 ans. Deux ans plus tard, en 1869, son ami Charles Asselineau publie une première biographie : Charles Baudelaire, sa vie, son oeuvre. Vingt ans après, en 1887, Eugène Crépet, qui avait demandé à Baudelaire de rédiger des notices sur Hugo et Banville pour son anthologie les Poëtes français publie, en introduction aux Oeuvres posthumes, une "étude biographique". Elle sera complétée vingt ans plus tard, en 1906, par le fils de l'auteur, Jacques Crépet. Claude Pinchois et Jean Ziegler, les auteurs de Baudelaire, n'ont pas eu d'autre ambition que de combler les lacunes de la grande biographie Crépet. Ils ont déjà publié ensemble la dernière édition des Oeuvres complètes de Baudelaire dans la Pléiade. Le premier dirige un centre d'études baudelairiennes à l'université Vanderbilt aux Etats-Unis qui "recense environ 50 000 titres".
Leur Baudelaire est plus qu'une somme : c'est un véritable dossier d'instruction. Renseignements généalogiques remontant au Moyen-Age, inventaire du mobilier, état au centime près des dettes du poète : rien n'échappe à ces magistrats infatigables. En 650 pages bourrées de détails, documents et citations, on prend connaissance du dossier le plus complet jamais établi sur le cas Baudelaire.
Charles Baudelaire naît à Paris en 1821. Son père, François Baudelaire, était un prêtre défroqué, fonctionnaire du Sénat et peintre à ses heures. Sa mère, Caroline Dufaÿs, est la fille d'un procureur au Parlement de Paris.
Veuve en 1827, elle épouse en secondes noces le commandant Aupick, un jeune officier qui s'est distingué pendant les campagnes de l'Empire. Charles passe son enfance à Paris. En 1831, on l'inscrit au Collège de Lyon où son beau-père est appelé par le service.
Il restera dans cette "ville noire des fumées de charbon de terre" jusqu'à l'âge de quinze ans. 1836 : retour à Paris de la famille Aupick. Charles entre à Louis-le-Grand où il obtient de nombreux prix et accessits. Il appréhende avec anxiété le terme de ses études : "Plus je vois approcher, dit-il à son frère, le moment de sortir du collège et d'entrer dans la vie, plus je m'effraie ; car alors il faudra travailler sérieusement, et c'est une chose effroyable à penser". Son baccalauréat obtenu, il avoue qu'il "ne se sent de vocation à rien, et qu'il se sent bien des goûts divers qui prennent successivement le dessus". Il s'inscrit en Droit pour rassurer les siens et s'installe dans une pension du Quartier Latin. Il a tôt fait de contracter trois mille francs de dettes "pour soutenir, nourrir, vêtir quelque drôlesse", comme s'exclame son frère outré.
Michka Assayas
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les commentaires sont fermés.