"A la belle étoile" de Joseph Delteil
18/03/2017
Bonjour à tous, aujourd’hui focus sur les corrections d’épreuves d’un livre de Joseph Delteil : A la belle étoile, ouvrage paru chez Flammarion en 1944.
. Voici pour commencer un passage supprimé, il s’agit d’un texte sur les vendanges (les vignes furent l'une des passions de l'auteur), dans le récit du pèlerinage à Notre-Dame-de-Marceille :
« Septembre, c’est la saison des vendanges, et l’odeur des jeunes vins ensorcelle et diapre les rues. Tout le village n’est qu’un bizarre encombrement de charrettes rougies, de comportes à raisins, de tonneaux, de pressoirs. Dans l’entrebâillement d’une porte antique, on a la chance d’apercevoir quelque groupe d’enfants qui jambes nues jusqu’au cœur foulent les grappes à même la cuve à la lueur d’une lanterne. Un ha ! ha ! de travail juteux et emmiellé suinte au ras des caves. L’éclat de la fermentation fait les murs mêmes chaleureux. Des traînées de lies empuantissent les ruisseaux. Il n’est pas une maison, pas un pailler, si malencontreux soit-il, qui n’abrite ce soir la majesté d’une naissance de vin […]. »
Joseph Delteil
* * *
. Autre passage de A la belle étoile : les corrections, indiquées en bleu, sont presque exclusivement de fond, et souvent d’importance. Par exemple :
« Les petits poissons raffolent du savon, ils venaient en bande y prendre leurs ébats. Et le sachant, les enfants du village leur tendaient des pièges sous les cailloux. C’étaient des chenapans à tignasse noire, qui barbotant à grands cris dans l’eau faisaient peur à dessein aux goujons. Ceux-ci, effrayés, se réfugiaient à tire-queue sous les pierres. C’est justement ce que voulaient les méchants garçons, qui armés d’un marteau frappaient alors à grands coups, sur la pierre protectrice. Et le pauvre fretin, cassé, s’en allaient au fil de l’eau, le ventre blanc en l’air, en proie aux gosses riants qui les cueillaient à la main, sans façon, le long du courant. »
La version corrigée se lit comme suit :
« Les petits poissons raffolent du savon, ils venaient en bande y prendre leurs ébats. Et le sachant, les enfants du village leur faisaient la chasse aux cailloux. C’étaient des chenapans à tignasse noire, qui barbotant à grands cris dans l’eau épouvantaient les goujons. Ceux-ci de se réfugier à tire-queue sous les pierres. C’est justement ce que veulent nos malins garçons, qui à coups de cailloux les y écrabouillent alors à plaisir. Et le pauvre fretin s’en va le ventre blanc au fil de l’eau, en proie aux gosses riants qui les y cueillent à la main. »
Joseph Delteil
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