La seconde peau
12/08/2017
La journée terminée, en revenant sur ses pas on entendait les clochettes des grillons : un persistant tintement, accompagnant la fraîcheur relative qui peu à peu envahissait les terres. Les broussailles froissées, traversées à grandes enjambées, chuchotaient à l’oreille. Ainsi de l’enfance, ainsi du désir qui jamais ne s’éloigne du déjà vécu, de l’invisible membrane sous laquelle se voile le corps, seconde peau.
Le poème est un appel aux reflets dansants qui nous modèlent l’âme et tracent dans l’obscur des sensations des lignes de lumière. Flux et reflux silencieux, grotte où plonge l’esprit. Au cœur de ce qui se consume de l’intérieur pour mieux renaître à mesure.
Il me souvient : tout jeune encore, de Cybrélis, l’aïeul attentionné, qui sous l’aiguille du gramophone me faisait écouter les tangos de son temps, de vieilles rengaines nasillardes. Certains vers entendus d’une oreille rien moins que distraite me sont restés en gorge. Violettes gravées sur sa sépulture. Écrire, toujours, malgré et contre ce qui nous réduit à notre seule dimension d’homme.
Et qu’est-ce, le monde si ce n’est, par-delà nos vies, nos questionnements et nos paris sur l’avenir cette sensation de l’infiniment petit livré à ses constantes anamorphoses ?
Daniel Martinez
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