Jean-Pierre Chambon rend hommage à Thierry Metz Diérèse 52/53 et 56
26/03/2018
SEPT PETITS POÈMES
au souvenir de Thierry Metz
Le pigeon blanc barré de noir
que les enfants pourchassent
dans l’ombre des platanes
s’entête à revenir trottiner
parmi leurs cris et leurs courses
comme s’il était des leurs
moitié oiseau moitié enfant
créature du ciel fascinée par la terre
De lourdes tentures
retiennent la pénombre
des housses en plastique cernent les meubles
d’une vague luminescence
dans l’espace que prolonge le miroir
quelqu’un d’autre cherche aussi son chemin
avec sa lampe torche
Les mots
dans leur ombre insensée persiste
portant l’écho d’une voix à venir
le rêve d’une langue transparente
tenue en réserve depuis l’enfance
qui nous ferait traverser le miroir
et dirait enfin le secret des choses
L’homme qui a brisé la glace des miroirs
où était pris au piège son reflet
erre à présent dans la nuit profonde
poursuivi par la cohorte de ses ombres
son esprit parfois se dédouble parfois s’éclipse
il sait la clarté réelle pure fiction
et voit l’invisible déborder du visible
Ce n’est pas encore le soir
la fenêtre ouverte laisse entrer la fraîcheur
qui dévale des collines en une vibration bleue
du haut d’un toit voisin un corbeau soudain
apostrophe l’univers de sa voix gutturale
puis il s’envole le ciel l’efface
lentement le silence résorbe la plaie du temps
Les yeux d’un renard ont lui
dans le pinceau des phares
en un éclair la bête a filé dans le talus
ce ne sont plus désormais
qu’entêtants pointillés blancs
et dans les virages un pan de mur blême
des arbres qui gesticulent
la route s’enfonce comme en rêve
dans la nuit infinie
Mes pas font voleter sur les feuilles mortes
les flammèches fantasques de feux follets
prise à des ronces mon ombre mimétique
dans sa robe en loques mouchetée de cendre
grappille au pied de grands arbres séculaires
quelques misérables miettes de lumière
je m’égare à nouveau dans la forêt obscure
Jean-Pierre Chambon
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