La poésie pour Henri Michaux : un "soudain élargissement du monde"
05/11/2018
Je ne sais pas faire de poème, ne me considère pas comme un poète, ne trouve pas particulièrement de la poésie dans mes poèmes et ne suis pas le premier à le dire. La poésie, qu'elle soit transport, invention ou musique, est toujours un impondérable qui peut se trouver dans n'importe quel genre, soudain élargissement du monde... La seule ambition de faire un poème suffit à le tuer... J'écris avec transport et pour moi, tantôt pour me libérer d'une intolérable tension ou d'un abandon non moins douloureux tantôt pour un compagnon que j'imagine, pour une sorte d'alter ego que je voudrais honnêtement tenir au courant d'un extraordinaire passage en moi, ou du monde, qu'ordinairement oublieux, soudain je crois redécouvrir, comme en sa virginité...
Henri Michaux, cité par Raymond Bellour in Henri Michaux ou une mesure de l'être (éd. Gallimard, 1er janvier 1965).
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