Poésie-miroir ou poésie-chemin : Diérèse 76
04/06/2019
De même que je ne comprends pas cet acharnement de la critique actuelle envers le lyrisme (Jean-Michel Maulpoix a heureusement tenté de rectifier le tir, mais...), je n'entends rien aux exclusions d'une certaine avant-garde ancrée dans ses certitudes envers une écriture plus classique, qu'elle accuse de tous les maux & surtout de ne pas embrayer sur ses a priori.
Comme je l'ai souvent pensé et dit, un bon poème résiste au temps (il en va de même pour les arts plastiques) et un mauvais poème coule à pic dès la première vague contraire. Si l'auteur est roi chez lui, il ne l'est que pour les choix qui lui sont propres, mais il n'est jamais maître de la destinée de ses écrits, loin s'en faut. Certes, en poésie comme ailleurs, l'autosatisfaction s'apparente à la méthode coué. Mais se répéter que l'on a du talent ne suffit pas à le faire naître...
A la réflexion, il ne s'agit pas d'une lutte entre anciens et modernes, mais d'un souci d'être en poésie, de redonner à la parole poétique toute sa puissance d'expression plutôt que d'en brider les potentialités et de sectoriser son lectorat. "Le ciel criblé de branches et sans couleur s'appuie sur la toiture où parfois passe le cri d'un freux d'autant plus insolent que tu te tais." (Jean Grosjean, Elégies). Poésie in vitro ou poésie in vivo, poésie de laboratoire ou poésie de la vie ? J'opterai pour celle sans cesse renaissante, dans la surprise des bourgeons neufs.
L'éditorial de Jean-Louis BERNARD in Diérèse 76, qui sort aujourd'hui même, remet les pendules à l'heure. La question qu'il pose avec à-propos est à méditer : "Poésie-miroir ou poésie-chemin". A l'appui, cet aphorisme de René Char : "La poésie est de toutes les eaux claires celle qui s'attarde le moins aux reflets de ses ponts". DM
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