"Œil immense", André Miguel, André de Rache éditeur, 1978
19/11/2019
I
Qui nous étreint dans ses serres d'herbe ? Qui respire sous les feuillages ? Qui lance des pierres dans le ciel où elles disparaissent ?
Ouvre une vallée avec un ongle rouge.
Larde le rocher de coups de dents.
Le prunier se dédouble et danse la fin d'un jour ivre.
II.
Tu défais les nœuds serrés de la puissance verte.
On chuchote du côté des mousses blanches. Les doigts s'allument sur le bois épineux quand nous aspirons les lignes de la feuille la plus musicale.
Elle dit : "Je suis un ovoïde fruit, veiné, transparent."
Quand les nervures de ce pays se détachent et irradient, tu brises les gousses du sommeil, fraîcheur d'un espace retrouvé.
André Miguel
Poète wallon de première grandeur, qui a publié dans Diérèse, sa poésie tout en sonorités défie les règles de la logique pure (bien heureusement). Sans être surréaliste, mais toujours en quête de l'esprit des mots, pour mieux les réagencer à sa guise et pour le plaisir de créer, il demeure leur plus fervent conducteur. DM
Les commentaires sont fermés.