Un grand nom de la poésie, Claude Esteban (1935-2006), traducteur de Quevedo, Jorge Guillén et d'Octavio Paz. Il a dirigé la revue de poésie Argile aux éditions Maeght de 1973 à 1981 et la collection « Poésie » aux éditions Flammarion de 1984 à 1993. Prix Goncourt de la poésie en 2001.
Grandiaque effosis mirabitur ossa sepulcris
Georgiques, I, 497.
Côte à côte, jadis, dans le déclin des astres.
Voici qu'un homme
les découvre au retour de son champ
vides
et l'histoire sur eux comme une
mousse grise.
La pluie, les vieux labours
ont confondu leurs plaies.
Était-ce un même orgueil qui cherchait le silence -
Des armes se redressent
butent
contre le fer
qu'une rouille retient, aride, loin des astres.
On ne décide pas des morts. Ils
pèsent aux racines
comme un sol plus obscur. Et le chemin
des graines s'insinue
entre eux
et cette loi confuse qu'ils profèrent.
Signes rongés de sel.
Qu'ils gouvernent
au dedans.
Ici
avec les doigts des herbes
et leurs oboles
grandissent des moissons plus frêles.
Claude Esteban
Les commentaires sont fermés.