"Le chemin de la montagne de pluie", N. Scott Momaday, traduit par Philippe Gaillard, éd. du Rocher, août 1995
23/02/2020
La langue kiowa est difficile, mais savez-vous que l'esprit de la tempête la comprend ? Il y a bien longtemps, les Kiowas voulurent fabriquer un cheval. Ils décidèrent qu'il serait fait d'argile et entreprirent de façonner la terre de leurs mains. Le cheval commença à prendre forme, mais alors se produisit une chose effroyable. On vit l'animal s'agiter, d'abord lentement, puis de plus en plus vite, jusqu'à tout bouleverser. Le vent se mit à souffler en énormes rafales. Les grands arbres furent déracinés et même les bisons furent projetés dans les airs. Les Kiowas couraient dans tous les sens, invoquant et suppliant cette chose qui les terrifiait. La tempête se calma enfin. Aujourd'hui encore, lorsqu'ils voient s'amonceler les nuages d'orage, les Kiowas savent qu'un étrange animal vagabonde dans le ciel. Il a la tête d'un cheval et la queue d'un grand poisson. Sa gueule lance des éclairs et sa queue, fouettant et balayant les airs, fait souffler le vent en tornades brûlantes. Mais ils lui parlent. Ils lui disent : "Passe au loin." Ils n'ont pas peur de Man-ka-ih, car il comprend leur langage.
N. Scott Momaday
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