Claude de Burine, une poète authentique (1931-2005) qui a publié dans Diérèse. Corps et regard de la plus extrême acuité, où le monde se contemple ébloui de sa propre lumière. D'un geste un seul, elle trace un cercle d'air où respirent paroles et silence mêlés : prélude à la naissance du poème, que les mots ne figent pas, on les sent toujours à l’œuvre, toujours en quête, entre voix et voie. DM
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Lettre d'automne
Le givre qui déjà fait ses pointes, les derniers soleils, leur tête penchée, flétrie comme ceux qui reviennent des vêpres, je voudrais te le dire, te dire aussi que la lune devient une orange lorsque le froid s'annonce, mais cela, tu le sais, ce sont des images de marché commun. Et c'est un cadeau que je te donne les petits feux dans les champs pour brûler les chaumes.
Ce ne sont pas des fleurs qu'on doit t'offrir mais les feux qui brûlent fort. S'allument ici, ailleurs. Tu les verras puisque je te les annonce.
Les heures qui courent en moutons dociles et sales n'ont pas la certitude des murs qui les abritent ni l'appui du béton-maire, ni de celles qui se voulaient des anges.
On commence à fermer les portes sur des bois vivants.
Aux objets trouvés, on va chercher les mots des amours perdus.
Et c'est toi qui viendras m'attendre à cette gare où s'arrête et repart le train qui ne revient pas.
Claude de Burine
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