"En deçà", d'Antoine Émaz, éd. Fourbis, 4 janvier 1990, 90 p., 1000 ex. (dont 30 sur Arches entés d'un dessin original de Joël Frémiot), 65 F
09/06/2020
Nausée. Comme une pression très forte au centre, évacuant de tous côtés jusqu'à ce qu'on croyait définitivement acquis, fixé. Temps pourri.
Ce qu'on attend d'une vie. Ce pour quoi on continue.
Fatigue. Tête usée alors que le reste du corps poursuit tant bien que mal son travail.
Le dégoût. Le courage qui manque.
La pluie lave le carreau. Le silence, ailleurs.
Peur de ne pas se redresser, un jour. D'en rester là. De laisser une page avec du blanc encore.
ce n'est pas la fin qui gêne
mais quelque chose de plus lourd
à l'intérieur de la vie
*
Écrire, comme si quelque chose devait se jouer un jour ou l'autre à cet endroit.
Alors, on se maintient, on entretient la main. A certains moments, on ne peut davantage.
Quand cela se prolonge, on finit par se demander si ce n'est pas cela, écrire, au vrai.
Dans la nuit, la sonnerie grelottante et persistante annonce un train qu'on ne voit pas.
L'inconsistance : on ne sort pas du pas encore, de l'inexact. On se demande si c'est possible.
Vision triste. On vit mais au fond, ça n'avance ni ne recule, ça reste là. Ça remue seulement un peu pour, en définitive, rester là.
Antoine Émaz
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