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Que je parle d'avancer, de me mettre en chemin en entendant un chant d'oiseau, n'est pas qu'une image. Écouter n'est pas qu'une question d'oreille, mais touche la respiration, réveille une scansion intérieure, invite à se mettre en marche, dans un rythme à découvrir, dans un élan à laisser advenir, réponse aérienne qui met en route. D'où cette impression si vive de légèreté souvent, ce regain d'énergie, cette joie apparemment sans raison. J'entends la voix flûtée, ses trilles légers, ses accents de mélancolie ou d'interrogation, ses interruptions, ses silences : tout l'être est saisi, emporté déjà. Et si j'essaie de parler, c'est en tentant inconsciemment d'obéir à une cadence, qui me met sur la voie de partir.
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J'entends le signe pur, indéchiffrable. Je tends l'oreille, toujours surpris. Il m'est demandé de mettre de côté tout le reste, ma vie même, pour écouter, à la juste place, de me tourner entièrement vers ce qui est là. La voix qui bientôt va se taire, la puissance brève de l'oiseau invisible, l'écoute : de tout cela, quelque chose demeurera. La rencontre fugitive ne s'efface pas tout à fait. L'instant s'étire, on se trouve dans un présent plus vaste. Le chant continue, sans fin, de l'autre côté de la cloison d'ombre et de feuillages, tout près. Ici - et le cœur en est saisi, le souffle suspendu -, commence l'éternité.
Didier Jourdren
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