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C'est avec peine que je vous annonce ce jour le décès de la poétesse Françoise Hàn, dont celles et ceux qui l'ont approchée, lue, connaissent la bonté qui émanait d'elle et sa force d'âme... Tous mes regrets à ses proches, je m'associe à leur peine, partagée.
Françoise Hàn avait participé au numéro 52/53 de Diérèse (co-dirigé avec Isabelle Lévesque), consacré à Thierry Metz. Voici ce qu'elle y a écrit, qui demeure :
Le temps ne lui a pas creusé une absence
à la présence parmi nous de T.M.
Il est présent parmi nous
mais il n’appartient pas
au présent désemparé
qui dérive et s’enfonce
il appartient à l’espace
entrevu entre les poutrelles
entre les mots
à l’espace où le battement d’une aile
annonce un au-delà des décombres
il appartient au chantier
qui doit sans cesse refaire
la vieille fabrique du monde
il en est le manœuvre
des fondations jusqu’à l’arc-en-ciel
il porte nos silences dans son auge
en maçonne le poème
commencé bien avant nous
le poème qui cherche à comprendre
d’échafaudage en échafaudage
notre venue ici
notre pourquoi parmi les pierres
le poème jamais fini
il appartient au rêve
de l’homme couché au fond du puits
à la lampe allumée des millions d’années plus tôt
qui l’éclaire et vacille entre nos mains
à la question posée comme l’oiseau
sur le bâton devant lui
reprise à chaque envol
peinte sur les parois de la grotte
ponctuées de signes non déchiffrés
à notre lecture incertaine
à nos attentes mais aussi
à l’inattendu qui embrase la poussière
il appartient à la terre
à d’immenses paysages
labourés de siècle en siècle
à leurs horizons soulevés
à la résurgence des sources
à la soif qu’elles étanchent
à celle qui ne s’étanche pas
qui a fait surgir le langage
au langage lui-même
champ prodigieux
qui s’augmente se multiplie
et repousse les horizons
de labour en labour
La nuit ne le dérobe pas à nos regards
il appartient aux constellations
il avance parmi elles
à la verticale de l’enclume
où nous martelons nos regrets nos désirs
à la verticale de l’instant
où jaillit l’étincelle
à la verticale du tressaillement
bien plus lumineux que l’immortalité
qui nous saisit à toucher le monde
Françoise Hàn
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