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Lucrèce écrit que les maladies se propagent "comme les nuages et les brouillards (nubes nebulaeque)"
La rumeur des livres est dans ce remous. Circulation des traces, d'un lecteur à l'autre. Une morsure réitérée. Un remords.
Pour celui qui est dans la rumeur des fables, la rumeur du monde est un fablier. Un recueil de légendes. Pour celui qui est dans la rumeur du monde, la rumeur des livres est du vent.
Celui qui écrit a une oreille dans la rumeur du monde et une oreille dans la rumeur des livres. Sa tête est pleine d'échos et de songes creux. En écrivant, il cherche le silence. Il porte seulement sa part de vent au moulin des rumeurs.
Celui qui lit est dans le brouillard. Il se guide sur des échos. Il prend des vessies pour des lanternes.
Celui qui lit a un œil sur le monde et un œil sur la fable. Il n'y voit que du bleu. Son œil est une oreille qui recueille le bruit de l'océan dans un coquillage vide.
Emmanuel Hocquard
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