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Brumes de part et d'autre de la presqu'île, les deux fleuves comme les deux flots les deux bords d'une unique pensée. Tache d'eau, lumière grise, beige et rose, des années durant le même tourment, un unique regret, reflets peuplés d'adieux, tombeau et bruit.
c'est un grand jeu avec tous les disparus ou la réverbération d'une seule et même image des années durant...
Soleil Éclat de mer pluie Et à nouveau brume sur ce paysage immobile
Je suis là, vivant murmure, vivant reproche, en attente de partir ou dans la douleur de ce qui s'enfuit (Barcelone sous ce jour de pluie, Barcelone grise et mouillée, le sol jonché de tracts, l'asphalte criblé de feuilles traînées à tous les vents)
quelques livres quelques larmes et une supplication muette comme depuis toujours (dans la peur et la poésie dans la douleur vivante faite à la pensée, à la recherche sans cesse du désir d'écrire)
dans des voyages pour où pour qui vraiment (se jeter comme un fou dans le paysage, le oui sans mesure à la démesure de l'univers) dans des gares grises et sales, des squares de banlieue mal éclairés, des trains de nuit déserts, des villages immobiles et muets sous la pluie
ce soleil froid, gris et brume, la poussée muette des grands fleuves, des cortèges d'aube et des désirs comme de grands navires qui chavirent dans les yeux (l'heure qu'il est, le temps qu'il fait)
Il pleut doucement sur tous les silences...
Et parfois comme une délivrance ce ciel nu bleu pâle tombant sur les épaules Le bleu alors très exactement quand le silence sur ces toits d'ardoise
immobile et muet immobile et séparé comme aucun langage jamais ne le fut comme aucun langage jamais ne le sera
Patrick Laupin
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