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De ses yeux à la merci d'un soleil précaire, le poète interroge dame Nature, les bouffées lentes des nuages comme "le silence énorme au-dessus". Nul désir pourtant de poétiser chez Jean Grosjean, mais celui d'approcher à pas menus la fine demeure de la langue conçue comme une confidente :
Tu te cachais au fond de tes yeux sans regard,
tu te vêtais de verglas et de songeries,
tu fus atteinte à coup sûr aux portes du cœur :
ta hanche de buis s'est défaite des frimas,
tes sillons secouent leur pénombre ruisselante.
L'archer te contemple à présent de son œil glauque.
Écoute comme tremble encor sa corde d'arc
et les heurts mouillés des débâcles au ruisseau.
Qu'au moins le zéphyr te console d'être nue.
Et vous dernières blancheurs, si du bout des doigts
le soleil vous frôle aux naissances des collines,
retirez-vous en pétales parmi les haies
sous la mésange qui laisse égoutter ses notes.
Jean Grosjean
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