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POINT DE VUE
Une fois de plus, tout est parti de la pierre. Parce qu’il y avait là plus de rochers que de terre, le jardin est devenu cette espèce de garrigue que les héliotropes et les hibiscus ont l’air d’avoir colonisée depuis la création du monde. Quant à la maison, elle a dû se contenter de ce qu’il restait d’espace, se contorsionner entre les blocs de roche et les rares pins maritimes, pour ne pas déranger et tenter néanmoins de durer. Mais à la longue, on a oublié l’aspect minéral du site ; la civilisation avait imposé son empreinte.
Ici, on ne se met pas en frais d’architecture. Des planches goudronnées, quelques briques creuses, de la tôle ondulée et des vitres, le maximum de vitres pour ne rien perdre du spectacle... et puis une touche de génie ; il n’en faut pas plus pour assurer le clos et le couvert d’un coin de paradis sur terre.
Sur terre, c’est vite dit. Est-on encore sur terre quand on domine l’océan de si haut que l’on a l’impression de planer entre le ciel et l’eau, de n’être rattaché au sol que par des habitudes et des contraintes ? Une terre réduite à une corniche veinée d’incertaines routes et de chemins ravinés, çà et là hérissée de pins hirsutes et de genêts, mérite-t-elle encore ce nom ?
Bernard Pignero
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