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J'aime bien la répétition. Elle tient chaud. Le mot familier vient le premier. La pensée est en pays de connaissance. C'est ainsi que l'on s'apprête à naître, encore dans la tiédeur des eaux, juste avant la rupture. Elle nous sauve de la nudité dans le grand froid panique qui précède l'instant d'écrire. J'aime bien la répétition. Elle ne laisse que d'humbles traces. Le rythme coutumier s'installe avec le souffle. Le corps suit ses sentiers battus. C'est ainsi que l'on marche, un pas semblable à l'autre, dans l'exacte attention à la mesure. Un pas efface l'autre, mais l'empreinte des semelles, parfois, souligne le chemin. J'aime bien la répétition. Elle se fait oublier. Elle va, s'en va, revient. Elle travaille au naturel. C'est ainsi qu'on ne compte plus, au fil de tant de jours, tant de je t'aime adressés à la même personne. J'aime bien la répétition : au nom de quelle horreur du semblable, de quelle hyperactivité d'aventurier, voudrait-on qu'un poète s'interdise ce que d'aucuns appelleraient tourner en rond ?
Patricia Castex Menier
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