"Comme passe le vent", de Philippe Pujas avec 3 dessins de Bernard Leijs, éditions La Feuille de thé, avril 2020, 168 pages, 20 €
28/03/2021
Sous un ciel bas de pluie il me manque le feu
Qui entretient la vie
De ceux qui, comme moi, ont eu le soleil pour complice
Compagnon des enfances
Les hivers de lézard à l'abri des maisons
A la lisière des forêts
Me reviennent à l'âme
M'emplissent de la chaleur d'alors
Quand je croyais le bleu inépuisable
Ici, je vis de gris et cherche dans le ciel
L'espoir d'une trouée dans les nuages
Où viendrait se glisser un rayon de soleil
Comme un retour de feu ou l'espoir d'un matin coloré
C'était pourtant autre lisière, pas à ne pas franchir
A quelques lieues de là, par-delà la montagne
Les terres sont déjà d'un sud brûlant
Et si vous vous risquez à ignorer la sieste
Si l'impatience et ses folies
Vous jettent hors des frais abris
Vous en serez puni de foudre sur la tête
Mais nous savons cela
Le feu d'été nous le tenons au loin
Nous fermons nos fenêtres et nous assoupissons
En attendant que s'approche le soir
Et avec lui un soupçon de fraîcheur
Et nous savons n'avoir commerce avec le sud
Avec l'au-delà des montagnes
Que quand l'été finit et que s'installe
La douceur des automnes
Un soleil plus clément
Un feu que l'âge a assagi
Nous attendons dans notre chambre
A lire ou à rêver à nous bercer d'une mouche qui passe
Ponctuation du temps qui s'abolit
Mon aïeule fermait la porte
De rideaux de bouchons légers
Comme le vent de mer
Et nous les traversions comme une promenade
Vers des âges anciens
Et le bourdonnement d'alors
Me revient en écho
Dans celui d'aujourd'hui
Philippe Pujas
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