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Iseult : les lettres, les rêves à Tristan
Je pleurerai ton
nom : dents dures
broyant la nuit épaisse, plumage vierge
écailles : cœur
broyé ? dans le noir de la nuit, je gémirai ton nom :
comme si tu étais couché ici, en moi, unique
et vrai et sali par le sang,
Tristan :
il y a deux semaines déjà, un rêve peut-être ? Nue
la neige pressée sur mon pubis je la jette
rouge de sang : éclaneige
Tristan
C'est inapaisable
en moi :
en toi : cette veine cet
arc-en-ciel explosé
les rêves ont-ils bougé ? l'enfant à venir, le feu follet ?
: la faim : de
qui : la famine : ils ne m'ont pas versé
de vin : ils ne m'ont pas appelée :
la treizième, celle qui a des ailes :
je ne gêne
ni ne manque
à qui : à travers les treize murs, les treize
rivières : vivante ? les rêves
qui martyrisent, s'enchaînent, la neige amère changée
en rubis
ou bien l'été :
le manque : le matin :
humide
vide
mûr : le matin
au bord peut-être d'un rêve
fou : peut-être le tien : le ciel lacéré,
nous sommes étripés comme animaux
du sacrifice : nos entrailles sorties : sacrifiée : sacrifié :
sur l'autel de quel dieu immuable : et ancien :
après : le rêve : le pubis dévoilé ? le pubis de porcelaine
celui d'une poupée, sa peau translucide, vide :
je suis ?
Anna Ondrejková
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