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Parvenu au sommet de son Art, Paul Verlaine jette un regard rétrospectif sur sa vie, entre appel et désir de réponse, entre la main qui donne et le geste qui prend, il hésite, personnifiant son rêve, à l'envi. Le temps est une vague, une lueur noire parfois, qui dans son va-et-vient donne à la vie son allant plutôt que l'impression d'un éternel retour.
Et le feu de l'astre solaire, c'est dans le corps de l'autre - ici celui à qui il dédie ses pensées - que le poète trouve grâce et raison d'espérer : double par essence et tutoyant l'espoir, comme la mélancolie. Pulsion de vie, pulsion de mort s'enchaînent, qui lui donnent le front de s'émerveiller, encore. A peine une chanson, ne serait-ce une plainte ?, une manière de saisir le monde perdu, retrouvé dans et par le poème. DM
L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable.
Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
Que ne t’endormirais-tu, le coude sur la table ?
Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
Et tu chantonneras comme un enfant bercé.
Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
Il dort. C’est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.
Midi sonne. J’ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors ! L’espoir luit comme un caillou dans un creux.
Ah, quand refleuriront les roses de septembre !
Paul Verlaine
1 commentaire
Vigoureux, senti, très bien, sauf "l'autre" que l'on met à toutes les sauces.
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