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"Je vous le répète, la distance de la Terre à son satellite est réellement peu importante et indigne de préoccuper un esprit sérieux. Je ne crois pas trop m'avancer en disant qu'on établira prochainement des trains de projectiles, dans lesquels se fera commodément le voyage de la Terre à la Lune." N'en déplaise à Jules Verne qui, en 1865, met ces propos optimistes dans la bouche d'un des héros du roman De la Terre à la Lune, n'en déplaise à Cyrano de Bergerac qui, deux siècles plus tôt, voulait se couvrir de rosée pour que la force actionnant les marées océaniques l'emporte vers la planète sélénite, n'en déplaise à Edgar Poe qui envoyait Hans Pfaall conquérir la Lune en ballon, les charters pour notre satellite n'ont pas encore été institués.
La faute à l'attraction terrestre, mais aussi, quoi qu'en dise Jules Verne, à la distance qui nous sépare de ce qui est nommé, dans la Genèse, le "petit luminaire", celui qui, par comparaison avec le "grand luminaire" - le Soleil -, préside aux nuits : 384 400 kilomètres en moyenne. En moyenne seulement, car les attractions conjuguées du Soleil et de notre planète pas vraiment ronde - sans compter celles des autres planètes - déforment sans cesse l'ellipse théorique que devrait emprunter la Lune si la Terre et elle étaient seules au monde. Au périgée, la planète sélénite se trouve à 358 842 km de la Terre ; elle peut s'en éloigner jusqu'à 405 758 km.
Inexorablement, le couple que forment la Terre et son satellite se distend. La friction des océans sur le fond, due aux incessants mouvements de marée, se traduit par un ralentissement de la rotation terrestre et une augmentation de la durée du jour d'environ 30 secondes par... siècle. "L'effet de ce ralentissement est transmis au moment cinétique de l'orbite lunaire", écrivent Nathalie Cabrol et Edmond Grin dans le "Que sais-je ?" consacré au sujet (P.U.F. n°875). Pour être plus concis, notre satellite s'éloigne de nous à raison de 3 centimètres par an.
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