241158
Un extrait de "La Lettre" qu'Henri Michaux fit paraître dans le numéro 27 de la revue Confluences, en décembre 1943 ; elle sera reprise ensuite dans le recueil Labyrinthes (avril 1944), puis dans Epreuves, Exorcismes, (déc 1945). En voici des extraits :
Le poisson pêché pense à l'eau tant qu'il le peut. Tant qu'il le peut, n'est-ce pas naturel ? Au sommet d'une pente de montagne, on reçoit un coup de pique. C'est ensuite toute une vie qui change... Nous nous consultons. Nous ne savons plus. Nous n'en savons pas plus l'un que l'autre. Celui-ci est affolé. Celui-là confondu. Le calme n'est plus. La sagesse ne dure pas le temps d'une inspiration. Dites-moi. Qui a reçu trois flèches dans la joue se présentera d'un air dégagé ?... Certains se manifestent dans les glapissements. D'autres se manifestent dans l'esquive. Mais la grandeur ne se manifeste pas... Nous nous sommes regardés dans le miroir de la mort. Nous nous sommes regardés dans le miroir du sceau insulté, du sang qui coule, de l'élan décapité, dans le miroir charbonneux des avanies.
Henri Michaux
Les commentaires sont fermés.