"D'ombre et de lumière" : à partir d'une encre de Jean-Claude Pirotte
16/03/2018
Ce qui me plaît dans ce qu'écrit Séverine Rosset : "comment retrouver l’œil des choses ?". L'ennui d'être soi-même, guidé par le désir de cueillir dans le vif le bleu de cendre qui dérive dans les yeux quand on aime le signal du crépuscule du matin comme l'annonce de ce qui va nous être donné, au-delà de ce que nous étions en droit d'attendre :
Jean-Claude Pirotte, in Carnet d'Orphée
Ed. Les Deux-Siciles
Quel voile ultime soulever pour voir. Le monde. Les choses. Leur existence indubitable. La réalité enfin.
Laquelle ? Celle qui proclame l'étanchéité des mystères ? - Mais elle ne proclame rien, la réalité, c'est nous toujours qui enflons notre voix faute de pouvoir capter son chant profond - et le nôtre.
Elle ne proclame rien. Mais voit peut-être.
Comment aller là où les choses vues et pensées pensent et voient, comment retrouver l'œil des choses ?
En inventant la vision réversible et le prolongement infini du regard. En lançant ses voiles comme autant de "chaînes d'or d'étoile à étoile", pour une chorégraphie générale.
Éclot alors l'altération heureuse.
Heureuse mais non nécessairement sereine car un monde sans grille est un monde risqué. L'ancien et l'ailleurs peuvent surgir des profondeurs où nous les avions relégués ou dont nous nous sommes laissés chasser, et l'appel en direction de l'inconnu et de l'oubli n'est jamais sans danger.
Séverine Rosset
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