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Histoire de la Libellule
dessin à la mine de plomb de Pacôme Yerma
Ainsi que langues de l'éther
sur le ventre du coteau
en l'alchimie lente
que le profond déplace
elle est larve aveugle
mais libellule déjà
brodée d'un jaune de Naples
qui sonne comme un cristal
Elle est celle
que l'on approche d'un pas
pour tenter de surprendre l'invisible
bordant le limbe des feuilles
sous le flux dont Lucrèce parlait
entré en résonance
avec le monde de nos images
Printemps est là irrésistiblement
Celle dont les deux vies
n'en font plus qu'une
quand passant de l'état de larve
à celui d'insecte ailé
les deux éléments fusionnent
par le nimbe d'une blessure
d'où la Forme s'est extraite
par alliances successives
Là précisément
à partir d'une ligne fixe
la pellicule moirée de la peau
se déchire graduellement
laissant échapper le thorax
puis la tête avoisinante
une sphère aux yeux globuleux
pareillement les ailes se déplient
à mesure se déploient
éprouvent la pesanteur
sous la diurne rosée
tout un théâtre d'échanges
Signet d'écume posé
sur une tige de menthe
ou faux mouvement
de ce petit corps sec
qui de sa hauteur décrit
dans les vapeurs de l'eau
les déliés de l'écriture
d'une langue morte
où le sable et la cendre
auraient su conserver
nos impressions premières
les rides de l'univers originel.
Daniel Martinez
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