Bestiaire III : Le Gypaète barbu
25/07/2015
Un ciel qui sommeille encore
remué par les grands fonds
par ces poulpes que forment
les galaxies invisibles à l'oeil
tandis que le jour
tout en regards tout en visions
réanime les fluides alentours ;
la profondeur s'empreint de rythmes
de souffles de timbres nouveaux
puis jette ses bras de lumière
sur la ligne des crêtes.
On l'aperçoit d'une autre aisance
l'aile battante, Gypaète barbu,
lentement dans le désordre nu
approchant le lait primitif.
Il passe où couche la mémoire
ruche béante confondue
aux syllabes du temps.
Plumes sombres doublées de tiges de feu
quel écart a donc fait paraître le rapace
signalé par l'abondante voilure orangé pâle
qui lui couvre le poitrail ?
Tête blanche au-dessus du crochet du bec
mais l'éclair noir est de sang
que l'oeil allume au beau milieu
de la foule des conifères bleu noir
où "l'aigle-vautour" tente de trouver pitance
comme il scrute impatient le sentier vide
l'image simple à sa mesure :
les mauves, les carmins
le froid baiser du vent
et les piqûres solaires
sur une carcasse repérée,
celle d'un jeune chamois
dont seule émerge la colonne vertébrale.
Ici et là le sifflement de ses pennes
le ciel ou pire l'enfer
d'une curieuse marelle :
le gypaète s'est emparé
des restes de l'animal
qu'il agrippe de ses serres
pour le ramener sous la queue
l'élever souplement dans les airs
et laisser tomber
depuis une aire de cassage
les os qui brisés le nourriront.
Lumières, petites lumières accrochant
au creux roux des reliefs
les dernières squames de la saison.
Un long souffle de fougères
pour creuser l'écume, le ciel sans repos.
Daniel Martinez
Les commentaires sont fermés.