Les dessins du peintre Pierre Tal Coat (1905-1985) opus II
19/07/2019
... Entouré de remarquables praticiens, il publie en 1971 son "Almanach" gravé à l'aquatinte. Par la suite, il mobilisera régulièrement l'atelier dans une incessante remise en jeu de la création car pour lui, il n'est pas d'épreuve définitive en gravure. "Acide", aquatinte et burin de 1980, présentée selon cinq états successifs, est l'illustration la plus convaincante du titre de l'exposition. Attentif au support de l'impression, sensible à son expansion limitée.
Tal Coat concentre son geste en misant sur l'énergie dégagée par la blancheur du papier. D'où l'aspect un peu déroutant de ces gravures réservées, pour ainsi dire. On aurait tort, cependant, d'y voir une ascèse du regard, la tentation Zen de céder à une attirance du vide. C'est bien plutôt une sensation de plénitude qui émane de ces œuvres sur papier.
La plus belle démonstration en est donnée par les ouvrages publiés en collaboration avec le poète André du Bouchet. Il faut voir déployées les pages du livre intitulé "Laisses" (1975) pour constater combien se réalise là une parfaite osmose entre la parole et le geste, entre l'écrit et le voir.
Pendant ses séjours à Saint-Prex, Tal Coat grave une multitude de sujets familiers. Exposé en fin de parcours, le "Bestiaire", publié l'année de sa mort en 1985, forme un ultime recueil animalier parmi quantités d'eaux-fortes ou de pointes sèches dont beaucoup resteront inédites.
En marge du "Bestiaire", deux planches tirées spécialement pour l'exposition, rassemblent plusieurs plaques sur un sujet qui passionnait Tal Coat : le vol des oiseaux. Ces ultimes battements d'ailes expriment avec une force évidente, le désir d'envol de quelqu'un que motivait par ailleurs, avec certitude, une vigoureuse attraction terrestre.
Jean-Luc Gall
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