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Le partage des dimensions
Le chêne feutré qui la nuit s’endort a laissé derrière lui l’après-midi d’un jour, ses lambeaux, son odeur d’ambre persistante. Elle baigne dans une lente apesanteur... D’un coup on entendit la pluie cliqueter sur les feuilles, piquer le carreau jusqu'à ne plus distinguer qu’un roulement continu. Un éclair vibra quelques secondes au ras des maisons, silhouettant une construction en lames à jouer. Touchant presque la surface de la peau, elle prêtait, l’ondée, au corps même des choses environnantes un tremblement, au-delà du Temps.
Et tandis que je m’interrogeais sur le sens de ces images qui s’entrechoquaient à la limite de la conscience, affaiblie, que j’avais de ma personne – de ces images que le jugement, comme pour s’en défaire transformait, contre moi, en traces d’encre griffonnées à la hâte sur une feuille – une délicieuse nostalgie m’envahit. Que je ne saurai décrire précisément. Quand le retour vers soi peut aussi ouvrir le cadre, en dénoncer les limites arbitraires.
Dans le fond de la pièce, le miroir allonge sa durée. Sa surface toujours fluente offre aux yeux ouverts ce que le regard a retenu du monde, qui s’écoule. Au-dehors il débusque, sous un halo lumineux, un passant, pressé.
Fugitive apparition, au bord du cercle immense où se débat la Vie. Recueillie sur elle-même, il émane de la ville entière une vapeur, un léger vertige. Et le silence peu à peu se fait.
Daniel Martinez
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