La poésie selon Roger Munier (1923-2010) : "elle refait l'unité du monde".
09/06/2019
Je me souviens de Roger Munier, qui écrivit "Le Seul", livre dont Pierre Oster a permis qu'il soit publié chez Gallimard... engoncé pour ses dernières années dans un corset d'acier, et que la camarde a délivré de ses tourments un beau jour d'août 2010. Ce que le poète et traducteur dont s'agit pensait de dame Poésie, il l'a formulé in "Le Chant second", chez Deyrolle éditeur, en décembre 1991. Il m'a semblé important de vous le donner à lire, parce que l'auteur met ici en relief ce que sous-tend la démarche poétique authentique, loin des châteaux de cartes que certains se plaisent à édifier, pour leur propre contentement :
"La poésie relève les correspondances profondes entre des réalités que la pensée objective nécessairement isole : elle refait l'unité du monde. L'image poétique est le moyen de cette révélation, le verbe de l'unité retrouvée. Quand René Char parle de "la marche fourchue des saisons", il rassemble en un seul tout des fragments épars du réel. La conduite humaine de la marche est reliée comme telle aux rythmes cosmiques. Elle s'éclaire à leur lumière, comme ces rythmes à celle de notre destin temporel. Tout est un : pour signifier ce qui serait à dire et comme syntaxe de ce dire même. Elle permettrait aux images d'exprimer, non de façon directe, comme il arrive dans le langage prédicatif, mais par ce jeu des correspondances, dans un dire analogue." Roger Munier
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