Pas à pas, sur le chemin de Diérèse 77 : avec pour commencer des traductions inédites de prosèmes de Katherine Mansfield, transposés par Lionel-Edouard Martin
19/07/2019
Les poèmes en prose de Katherine Mansfield (1888-1923) sont à l'évidence de remarquables compositions qui échappent à toutes les modes langagières de nos jours. Quintessence de l’œuvre de cette auteure, enterrée en Seine-et-Marne, au cimetière d'Avon, pas si loin que cela du siège de Diérèse. Écoutez plutôt :
Aux jardins botaniques
... Surplombant la haie une longue rangée de choux-palmistes. J’y porte le regard et tout-à-coup la haie verte est une portée musicale et les choux palmistes, tantôt hauts, tantôt bas, sont devenus un agencement de notes – une mélodie bizarre, psalmodiante, indigène.
Dans l’enceinte, les fleurs printanières sont presque trop belles – une superbe étendue de primevères qu’on croirait d’écume. M’y penchant : l’air qu’elles parfument a la lourdeur et le sucré du foin, du lait bourru et des baisers d’enfants ; et, plus loin, la merveille lumineuse, ensoleillée, d’un carillon de jonquilles.
Devant moi deux superbes touffes de rhododendrons. Sur fond de sombres, larges feuilles, les fleurs telles des flammes s’érigent en tremblant dans l’air coi, la coupe rose perle d’un magnolia pend délicate au rameau gris.
Partout ce sont bouquets de pensées bleu porcelaine de Chine, brumes de myosotis, écheveaux d’anémones...
Katherine Mansfield
photographie de Guomei Chen
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