"De l'impossibilité", Antonio Gamoneda traduit par Amelia Gamoneda, éd. Fata Morgana, 2004
29/10/2019
Une voix aussi importante dans la poésie espagnole contemporaine que celle d'un José Ángel Valente ("Trois leçons de ténèbres") ou d'un Roberto Juarroz ("Poésie verticale"). Une poésie faite d'injonctions et d'appels à une clarté, à une dimension perdues que les mots tenteraient d'approcher à leur manière, mais sans jamais y parvenir : "De l'impossibilité"... Fruits d'une quête de l'ici dans un ailleurs dérobé, dans les clairs-obscurs de la langue, insatiable, douloureuse. DM
* * *
La luz hierve debajo de mis párpados.
De un ruiseñor absorto en la ceniza, de sus negras entrañas
musicales, surge una tempestad. Desciende el llanto a las
antiguas celdas amarillas, advierto látigos vivientes
y la mirada immóvil de las bestias, su aguja fría en mi corazón.
Todo es presagio. La luz es médula de sombra : van a morir
los insectos en las bujías del amanecer. Así
arden en mí los significados.
*
La lumière bout sous mes paupières.
D'un rossignol abîmé dans la cendre, de ses noires entrailles
musicales, surgit une tempête. Les pleurs descendent dans
les anciennes cavités jaunes, je discerne des fouets vivants
et le regard immobile des bêtes, leur aiguille froide
dans mon cœur.
Tout est présage. La lumière est la moelle de l'ombre :
des insectes vont mourir sur les bougies de l'aube. Ainsi
brûlent en moi les signifiés.
Antonio Gamoneda
Les commentaires sont fermés.