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A quelques jours près, paraissent quelques poèmes de Christian Bobin dans le premier numéro de la revue "Noir sur blanc" (6 numéros à son actif, de mars 86 à l'été 1988), extraits du livre sous presse en ce même mois de mars 1986, aux éditions Brandes, "Le Colporteur".
Pour le poète et futur romancier, il s'agit de son quatrième et antépénultième opus publié auxdites éditions, alors dirigées par Laurent Debut. Après "Lettre pourpre" (1977), "Le feu des chambres" (1978), "Le baiser de marbre noir" (1984) et avant "Dame, roi, valet" (1987), suivi de "Lettre pourpre et autres", en 1992 : une édition originale collective qui rassemble les premiers textes publiés par Christian Bobin parus chez Brandes.
... Dès ses débuts, un auteur fascinant, en quête du sujet principal, et qui va s'affirmer de livre en livre sans concession avec les modes et travers de l'époque, littéraires ou autres, ce qui lui vaudra louanges et inimitiés tout à la fois :
"La chambre de lecture est nue, peu faite pour recevoir. Point de ce luxe qui éparpille la vue, fragmente le silence du dedans. Chambre obscure où flotte pourtant une lumière qui n'est pas celle du jour. Dans un instant, viendra y tournoyer la poussière des ailes de mourir, de naître et d'aimer. Il suffira pour cela d'un livre heureux, d'une abeille noire et blanche : d'un rien.
Seul, sur le bord de la fenêtre, ce panier de mots et de violettes fraîches, à peine entamé.
Quittant le monde tu ouvres un livre : une boîte à silence, familière, ouvragée, délivrant un diable-doux, un ange-acide. Fermant le livre, tu gagnes enfin ce qui n'est plus ni du monde, ni des mots : la bonté, ou le désespoir.
Allant hors de toi pour mieux te rapprocher du centre, jusqu'à ce point du plus grand trouble qui est aussi celui de la plus grande paix."
Christian Bobin
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