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Contrairement à ce qu'il est écrit dans La Pléiade : tome III, page 1495, note 1, les premiers textes d'Henry Michaux (avant 1930, il convient de mettre un "y" à son prénom) sur la drogue ne se trouvent pas dans La nuit remue mais bien dans Ecuador, dans l'édition originale bien sûr, un ouvrage qui assurera sa notoriété. Ce livre est d'ailleurs à lire entre les lignes, car on y trouve des renseignements personnels, repris nulle part ailleurs...
Je vous donne lecture du premier de ces textes, en page 85-86 ; on remarque toujours cette aspiration à la grandeur - lisible dans son poème précédent écrit en pirogue, plus tardif, en date du 3 novembre. Voici :
30 mars 28.
La nuit passée, j'ai pris de l'éther. Quelle projection ! Et quelle grandeur !
L'éther arrive à toute vitesse. En même temps qu'il approche, il agrandit et démesure son homme, son homme qui est moi, et dans l'Espace le prolonge et le prolonge sans avarice, sans comparaison aucune. L'éther arrive à une vitesse de train, par sa route de bonds, d'enjambements : Escalier à marches de falaises.
Ainsi gravit les paliers de l'atmosphère un oiseau grand voilier dans la Cordillères des Andes.
Cependant mes pieds et mes jambes, comme s'il y venait goutte à goutte le dépôt de ma pesanteur matérielle, s'éloignent, se caoutchoutent au fin bout de moi-même.
Et sur ma bouche une bouche de glace.
Henry Michaux
Ler Napo, qu'a parcouru Henry Michaux
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