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Ruisseau
Ventre à terre les petits chevaux mongols du courant font volte-face et piétinent la céramique du fond.
le ruisseau nerveux attaque les prairies du printemps de ses longues soies peintes,
il s'étire, se ramifie, se couvre d'une froide fourrure noire.
Le bâillon du barrage ne l'empêche pas de parler,
rien n'étouffe son jeu d'animal agile barbouillé de moustiques,
ni les mailles des ciguës, ni la glu des berges capitonnées.
Il s'enferme sous la ferme qui fut un moulin, sans se questionner sur la nature de l'au-delà.
Dans un dernier plongeon, comme une lame hors du fourreau, il se combine parfaitement avec le fleuve juché sur les coussins d'une marée d'équinoxe.
Quelles raisons ai-je de parler du ruisseau ? A cause peut-être des écarts de sa fantaisie tolérée.
11-I-1973
Si tu sondes l'arbre jusqu'à la flamme
emplis-toi de son silence géométrique.
Solidaire de la mousse et du mouvement des feuilles
cherche le rivage sous la neige de l'écorce.
Mêle ta bouche à sa perfection confuse
entends le monde dans l'arbre qui transpire.
Paol Keineg
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♦ ♦ Dessin de Daniel Martinez ♦ ♦
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