"Kong Harald - poème" : Luc Durtrain, éditions Georges Crès, 1914, 66 pages, 328 exemplaires
22/08/2021
Quelque peu éclipsé par les ténors de l'époque, Luc Durtrain (de son vrai nom André Robert Gustave Nepveu) qui fut oto-rhino-laryngologiste de profession, publiera pourtant aux éditions de la NRF Douce cent mille (1922) et La Source rouge - Conquête du monde (1924) puis à la librairie Gallimard Hollywood dépassé (1928), Ma Kimbell et Quarantième étage. Moins empruntée que chez bien d'autres de ses contemporains, sa poésie vaut le détour, jugez-en plutôt, avec ce poème extrait d'un livre paru à une époque charnière. Ici, nulle concession à la vision romantique de la grande bleue, qualifiée de "flot minéral", aux portes d'un univers hostile :
Mer du Nord
Angles de mer à droite, à gauche
Qui se succèdent opposés :
Parfois, quand le tangage tire
La lourde hélice sort des vagues
Et son pouvoir me fait trembler.
Je me saisis du bastingage
Gros comme une cuisse et observe
Au loin l'origine d'un flot :
Il se gonfle, se précipite,
Coups de thorax, hauteur d'épaules,
Et puis déjà la barbe blanche...
Commandée par cent faits à barbe.
La mer, en vain naissante et claire,
Est odieuse - sous le soleil.
Hé ! fuyard, vide ici ta bile !
Vomis, toi qui retrouves dans
Les forces du flot minéral
(Ou du blanc ciel pulvérulent)]
L'ordre social et les visages.
Luc Durtrain
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